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Publié le 22 septembre 2008 par Deathpoe
Les oiseaux se demandent ce qu'il se passe alors que le petit vieux s'attaque à leur buisson à coups de cisailles. Il y a quelques années déjà, l'on ne donnait dans son entourage pas cher de sa peau. On lui avait déjà coupé un bon morceau des tripes, et son visage rouge et gonflé allait donner du fil à retordre aux employés des pompes funèbres.
Et puis, il a l'air un peu perdu. Sa paire de cisaille entre les mains, personne ne voudrait s'approcher de lui à moins de cinq mètres. Cependant, il persiste, prêt à retrouver sa jeunesse dorée, quel qu'en soit le prix. C'est un vrai carnage, la haie tire la gueule et ressemble maintenant à un gruyère. Il est pourtant satisfait de son travail, tant et si bien que cela ferait de la peine à n'importe quel tortionnaire en gériatrie.
Assis sur le muret qui sépare le grand balcon du plus petit, j'aspire l'une des dernières bouffées de ma cigarette. Je me penche un peu sur la droite, pour ne rien perdre du spectacle. Je ne risque rien, et les quatre étages de vide ne sont guère plus qu'une chute de quelques secondes. De toutes manières, je ne suis pas du genre à souffrir pour rien. Ni à prendre des risques totalement inconscients, et inutiles. Et s'il s'avérait que je me casse la gueule de si haut, ce ne serait que pure coïncidence. Mais penser que certaines personnes assimilerait cela à une tentative de meurtre automatique me répugne. Alors mes pieds, qui se balançaient joyeusement dans le vide, reprennent contact avec la terre ferme.
Plein de petits poisons personnels, je jette mon mégot dans le pot de mayonnaise recyclé en cendrier. Seules m'importent maintenant la codéine et la caféine qui assurent leur emprise sur mon crâne, glissent fièrement dans mes veines et soulagent tous les muscles. Malgré tous les efforts possibles, il n'y aura qu'à se contenter de ce que l'on peut soi-même se fournir. Ou des ordres que l'on exécutera de plein gré, pour peu que l'on aime le contact de la chaîne autour du cou. Seuls comptent maintenant les mots qui naissent sur l'écran. Les doigts de perdent pas de leur rythme, et je ressens maintenant, en plus d'une flamme dans le bas-ventre, divers besoin que je vais m'empresser d'assouvir. Certains cycles ne changent pas. D'avance, je vois le café soluble se mélanger à l'eau chaude tandis que les comprimés effervescents se tordront de douleur. Seuls comptent les mots qui s'enchaînent, à se perdre dans le vide, oubliés comme des mensonges, ou marqués au fer rouge sur mes yeux-microfilms.
Le bonhomme pose sa paire de cisailles et regarde autour de lui. Vieillir me fait incroyablement peur.

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