Leçon de populisme

L’heure est à l’austérité. On nationalise toujours les pertes et l’on privatise les bénéfices. Le consommateur négligeant ou non averti, proie idéalement située en fin de chaîne alimentaire économique, paye le plus souvent les pots cassés en devenant l’innocente victime volontaire de firmes prêtes à tout pour alléger son épargne. Etant particulièrement tête en l’air et ne vérifiant jamais les entrées et les sorties de mon compte courant, je représente la cible idéale. Kill kill.

L’énergie: Il est fréquent de contacter la société Gaz de France lorsqu’on change de domicile et que l’on souhaite conserver le gaz comme source principale d’énergie. Si clore et ouvrir un compte se fait en un claquement de doigts chez sa grande soeur EDF, une telle manoeuvre s’apparente du parcours du combattant chez GDF. On attend tout d’abord de longues minutes avant de tomber sur un crétin peu qualifié qui vous demande de rappeler parce que le système informatique a planté. Au bout du cinquième appel, votre demande est prise en compte et vous bénéficiez enfin du gaz dans votre nouveau chez-vous.

Il faut cependant prendre garde à ce que la demande fermeture de l’ancien compte ait bien été enregistrée. Je me suis ainsi aperçu, il y a quelques jours, qu’un abonnement mensuel était toujours prélevé sur mon ancien compte en banque près de quinze mois après ma demande de résiliation. Souhaitant protester auprès de la compagnie, une charmante hôtesse m’a confirmé que le système informatique était bien hasardeux et qu’il était possible que ma demande soit tombée à la trappe à l’époque.

Cependant, et n’ayant aucune preuve en ma possession, c’était ma parole contre celle de la société qui me réclamait maintenant plus d’un an de consommation. Les nouveaux occupants n’ont bien entendu pas été surpris de ne jamais recevoir la moindre facture.

La banque: Je vérifie mon compte en banque deux ou trois fois par an lorsqu’il me prend l’envie d’ouvrir les jolies lettres envoyées par mon gentil banquier qui s’entassent dans la cuisine. En jetant un coup d’oeil furtif sur les relevés bancaires, on s’aperçoit rapidement que la banque ne se gène pas pour facturer certaines opérations supposées gratuites.

Eviter cependant à tout prix de tomber dans les griffes du LCL. Les conseillers sont des juniors et changent en moyenne tous les six mois. Il est donc impossible de bâtir une quelconque complicité avec son banquier. Ma dernière conseillère m’a ainsi fait perdre une somme non négligeable. Ayant ouvert un compte épargne retraite sur les conseils de mon ancien conseillé qui s’était bien gardé de m’indiquer que je ne pourrais fermer ce compte que le jour de ma retraite (m’obligeant ainsi à rester de nombreuses années dans l’établissement), j’ai récemment souhaité y mettre fin en arrêtant de capitaliser chaque mois. Ma connasse de conseillère avait malencontreusement oublié de m’indiquer qu’il était possible de récupérer ma mise en cas d’achat de résidence principale. Cette somme aurait bien évidemment été la bienvenue il y a un an. Maintenant, il est trop tard pour liquider le compte.

La téléphonie fixe: Ce service est un condensé d’arnaques. Après avoir été excédé par les tarifs et la qualité du service fourni par France Telecom, il est tentant de passer chez un opérateur alternatif tel Monsieur le Neuf ou Madame Free. Avant de souscrire le nouveau contrat, tout est formidable et le consommateur entre au pays où la vie est moins chère. Pour moins de trente euros, il est possible de bénéficier du téléphone en illimité, de dizaines de chaînes de télévision gratuites et d’un accès à Internet haut débit. Une fois que les différents décodeurs et autres modems sont installés et que le système fonctionne, la vie vire au rose bonbon. Cependant, dès que le premier problème survient, c’est le drame. Il faut tout d’abord passer le cap de l’attente, puis celui de la discussion avec un conseiller délocalisé qui tente de vous faire croire qu’il s’appelle Jean-Charles et que le centre d’appel est situé en plein Paris, et enfin la coupure de la communication car votre interlocuteur vous a demandé de redémarrer la fameuse box magique alors que vous étiez en pleine conversation. Etant une dinde farcie, vous n’avez pas vu le coup venir et vous vous tapez encore une demi-heure d’attente avant de pouvoir parler de nouveau à un conseiller qui vous demandera d’installer Windows Vista sur votre Mac.

La téléphonie mobile: Lorsque l’on souscrit un nouvel abonnement, il est fréquent de se voir offrir trois ou quatre mois de certains services normalement facturés au prix fort. Même si le consommateur demande de ne pas y souscrire, le commercial a pour consigne d’activer ces options et vous signifie que vous devrez contacter Orange, SFR ou Bouygues quelques semaines avant la date butoir pour les résilier. Seulement voila, il y a toujours une couille qui vous empêche d’envoyer en temps et en heure votre demande et vous vous prenez généralement un abonnement supplémentaire pour douze longs mois faute d’avoir mis un terme à une option pourrie jamais utilisée. La 3G se révèle vraiment inutile lorsqu’on possède un vieux Bibop.

La grande distribution: On doit de plus en plus faire attention aux dates de péremption. Ainsi est-il fréquent d’acheter des produits longue conservation qui se périment quelques jours après la date d’achat. Quant aux promotions affichées dans les rayons, elles sont prises en comptes moins d’une fois sur deux lors du passage en caisse. Il faudrait systématiquement vérifier et garder les tickets de caisse jusqu’à la consommation des achats. Jamais fait ni pensé à le faire, trop épuisant.

Les transports: Dois-je vraiment consacrer un paragraphe à Air-France, à la RATP ou à la SNCF?

T’ain, j’ai l’impression de me transformer en Julien Courbet ou pire, en l’affreux Jean Pierre Pernaut officiant dans combien ça coûte.

J’ai peur.