Le ministère de la parole

Finalement il y a du Chirac en lui.

Rappelez-vous, le Chirac de "La maison brûle et nous regardons ailleurs", celui des grandes incantations générales dont il ne commençait pas à appliquer réellement le quart du tiers en France mais qui étaient tellement bonnes pour son image et sa courbe de sondages.

Eh bien, Sarkozy finalement, c'est un peu pareil.

Ecoutons son discours de l'ONU prononcé entre deux séances de jogging ou de shopping avec Carla ( véridique !). Selon , le président français a plaidé à New York pour un " capitalisme régulier et régulé", qu'il a opposé au système actuel, qualifié de "fou".

Aah ! Moralisons, moralisons ! Régulons, régulons !

Qu'il est beau le discours ! Qu'il est nouveau surtout !

Il n'y a pas si longtemps, il s'agissait de desserrer les carcans, de libérer les forces du marché entravées par des réglements absurdes !
Et ces Français qui ne pouvaient même pas hypothéquer leur maison pour emprunter ! Quelle absurdité !

Déjà pendant la campagne électorale, ce Tartuffe nous avait fait le coup : Forgeard et son parachute doré, quel scandale ! Quelle immoralité ! "Cachez ce sein que je ne saurais voir !"

On allait voir ce qu'on allait voir. " Je souhaite qu'on puisse rendre illégale la pratique des golden parachutes" déclare-t-il au printemps 2007.

Mais évidemment il n'en est rien: la montagne accouche d'une souris et les Forgeard and co peuvent continuer à se goberger.

Vieille habitude sarkozyste: déclarations de Matamore pour surfer sur une actualité dramatique et consensuelle (la violence des cités, c'est Mal ! L'enrichissement indû, c'est Mal ! La baisse du pouvoir d'achat, ce n'est pas normal ! Les comportements irresponsables du capitalisme financier, c'est scandaleux !)

Et à la sortie. Rien ou pas grand chose.

Bref, comme le raillait Ségolène Royal l'hiver dernier, l'incarnation parfaite du ministère de la parole.

De toute façon, ce n'est pas grave. Dans trois mois, les caméras et les micros seront déjà passés à autre chose.