LOOKS
Je ne savais même pas qu'il y avait un parc pas loin de mon école.
A vrai dire, c'est plus ce genre de lieu surfait pour que les personnes trop citadines puissent faire comme si elles respiraient de l'air travaillé par la nature, alors que bon, le poumon vert est relativement petit et sans grand intérêt.
[ Travail visuel avec le prof de photographie ]
S'imprégner du lieu, et décrire des clichés que l'on aurait fait à l 'aide de mots, ou de dessins .
J'étais un peu larguée au début, genre "il me veut quoi le type là ?", que décrire dans un endroit aussi peu chaleureux, sans réelle brume, avec ces gens en KW traînés par leur chiens d'un côté de l'autre des allées ?
Et la chiâle. Le gosse accroupi dans son désir d'en finir et d'obtenir ce qu'il veut, la balançoire tenue en l'air à quelques mètres de là pour achever la tension du moment.
Comme ce regard, la tête du gamin qui vous affiche franchement sa détermination, la mine boudeuse, le cou tordu sur le côté.
J'aurai pu embrasser son visage avec le déclic d'un appareil photo.
Mais je me prêtais au jeu, la description personnelle de ce lieu que je fréquentais depuis à peine quelques minutes.
"C'est vite romancé, et cet instant...il faudra savoir le saisir sans faute. Car d'un moment à l'autre, l'une équipe ou l'autre marque un point. Si tu es le gardien de but, tâche de prendre le ballon avant qu'il n'arrive à toi, sinon tu te fais bouffer par le moment perdu, et c'est le rêve instantané qui s'effondre".
Je suis rentrée à 19h37 à la maison avec les yeux comme des loupiottes.
En pensant photo.
En mangeant photo.
En buvant "grave" photo.
Il se peut donc que je fasse photographie...