J'ai testé... instit

Publié le 24 septembre 2008 par Anaïs Valente


A découvrir ce mercredi dans la Meuse Namur : "j'ai testé vendeur de peket".

Et sur ce blog, "j'ai testé instit", paru dans la Meuse Namur le 11 septembre dernier.

J'ai testé instit'

12h40.  En cette presque rentrée scolaire, retour aux sources pour moi.  J'ai au ventre le nœud typique d'avant examens.  Etrangement, je stresse de retourner dans ces locaux qui m'ont vue grandir (de plus de 20 centimètres tout de même, excusez du peu), durant tant d'années.

Mais quand faut y aller, faut y aller.  Valérie, mon institutrice du jour,  m'attend déjà dans sa classe de sixième primaire, accueillante et colorée, peuplée pour l'instant de deux demoiselles : Cacahuète et Praline.  Deux cochons d'Inde.  Pour me donner bonne contenance, je me lance dans des gratouillis intenses sur Cacahuète, jusqu'à l'heure d'aller chercher les enfants dans la cour.

Ils nous attendent de pied ferme, en rang.  25 paires d'yeux me scrutent, se demandant qui je suis exactement.  Ne pas rougir.  Ne pas rougir.  Ne pas rougir. 

Valérie, souriante et motivée, sait exactement ce qu'elle attend de ses élèves : obligation de lever la main pour parler, importance d'écouter les instructions, attention à coller la paperasse comme prévu, écrire la date en vert, le titre en rouge (ou l'inverse), et j'en passe...  J'y perdrais mon latin, si du moins j'avais appris cette langue barbare. 

La classe commence en demi-groupe, le solde des élèves étant en cours de langue.  Ouf, j'échappe aux « Ik ben Anaïs » et aux « I'm so glad to meet you ». 

Pour nous, une dictée.  Pendant que les élèves, silencieux et concentrés, s'acharnent sur leurs écrits, Valérie me montre quelques grandes feuilles récapitulatives de la matière, dont un listing indigeste des types de triangles : rectangles, obtusangles, acutangles... Je suis certaine de n'avoir jamais appris ces termes dans mon jeune temps, moi.  Gros fou-rire, qui déconcentre les écoliers.  Oups.

Une élève s'interrompt dans son travail, pour interroger son institutrice « Madame, je peux tourner ma page ? », « oui, à moins que tu ne veuilles écrire sur ta main ».  Humour, toujours humour. 

Je feuillette négligemment le programme des « sixièmes » : un véritable annuaire.  J'apprends ainsi que, si les enfants subissent deux heures de gym par semaine, ils n'ont plus droit à la piscine.  Bande de petits veinards ! 

Le demi-groupe « langue » réintègre la classe, me salue, et fait monter en flèche le thermomètre virtuel scotché au tableau, indicateur de l'humeur de l'institutrice.  Un peu de silence à bord, par pitié.  Je les trouve pourtant silencieux, moi (à croire que je m'attendais à une horde hystérique d'élèves courant et vociférant sans cesse). 

Après une petite leçon de vocabulaire (chuis fière, j'ai trouvé le mot synopsis, et j'ai même levé mon doigt pour donner ma réponse) vient l'épreuve abominable : les multiplications.  En groupes.  Un concours.  Les deux équipes me veulent en leur sein.  Ils n'imaginent pas leur malheur.  Je suis incapable de faire une multiplication écrite, seules les additions étant de ma compétence.  « Je peux prendre une calculatrice Madame ? »  Un bref rappel de la règle, suivi d'un bon fou-rire (je suis décidément très dissipée), suffit à me transformer en pro des mathématiques.  Pendant qu'une minuterie tomate nous houspille, je me concentre tant bien que mal sur mes calculs, et j'obtiens 10/10. L'honneur est sauf. I am the best. 

Heure de la récré.  Munie de ma collation, prévue pour l'occasion, j'accompagne la classe et son instit' dans la cour, afin de jouer à l'épervier.  Jamais joué à ça moi.  Valérie me rassure : les « grands » n'y jouent pas, ils se contentent de surveiller.  Ouf. 

La récré se termine, je suis frigorifiée dans mon coin de cour.  Valérie dispose d'une heure de fourche, pendant que ses élèves ingurgitent une leçon d'histoire.  J'évite la leçon, l'histoire et moi n'était pas fort amis, et je l'accompagne dans la salle des profs, afin de corriger quelques copies en sa compagnie.  Et, surtout, d'écouter quelques anecdotes croustillantes sur le métier d'institutrice.  Joli métier.

15h50, je me glisse dans le flot d'adolescents qui quittent les lieux joyeusement.  Mais oui mais oui, l'école est finie.

J'emporte en souvenir : deux chocolats ramenés de l'excursion de la veille, spécialement pour moi.

Vous aussi, vous voulez me faire tester votre profession ?  Envoyez-moi un mail ...

BONUS : Ce que je n'ai pas publié dans la Meuse : 

- que je me suis ridiculisée auprès des enfants, en tout cas auprès de ceux qui étaient tout tout près de moi en étant incapable de faire une multiplication écrire

- que Valérie, en prévision du concours, avait demandé une « cocotte minute » à ses collègues, au lieu d'une minuterie.  Elle a donc eu droit à ... une cocotte minute

 


A découvrir ce mercredi dans la Meuse Namur : "j'ai testé vendeur de peket".

Et sur ce blog, "j'ai testé instit", paru dans la Meuse Namur le 11 septembre dernier.

J'ai testé instit'

12h40.  En cette presque rentrée scolaire, retour aux sources pour moi.  J'ai au ventre le nœud typique d'avant examens.  Etrangement, je stresse de retourner dans ces locaux qui m'ont vue grandir (de plus de 20 centimètres tout de même, excusez du peu), durant tant d'années.

Mais quand faut y aller, faut y aller.  Valérie, mon institutrice du jour,  m'attend déjà dans sa classe de sixième primaire, accueillante et colorée, peuplée pour l'instant de deux demoiselles : Cacahuète et Praline.  Deux cochons d'Inde.  Pour me donner bonne contenance, je me lance dans des gratouillis intenses sur Cacahuète, jusqu'à l'heure d'aller chercher les enfants dans la cour.

Ils nous attendent de pied ferme, en rang.  25 paires d'yeux me scrutent, se demandant qui je suis exactement.  Ne pas rougir.  Ne pas rougir.  Ne pas rougir. 

Valérie, souriante et motivée, sait exactement ce qu'elle attend de ses élèves : obligation de lever la main pour parler, importance d'écouter les instructions, attention à coller la paperasse comme prévu, écrire la date en vert, le titre en rouge (ou l'inverse), et j'en passe...  J'y perdrais mon latin, si du moins j'avais appris cette langue barbare. 

La classe commence en demi-groupe, le solde des élèves étant en cours de langue.  Ouf, j'échappe aux « Ik ben Anaïs » et aux « I'm so glad to meet you ». 

Pour nous, une dictée.  Pendant que les élèves, silencieux et concentrés, s'acharnent sur leurs écrits, Valérie me montre quelques grandes feuilles récapitulatives de la matière, dont un listing indigeste des types de triangles : rectangles, obtusangles, acutangles... Je suis certaine de n'avoir jamais appris ces termes dans mon jeune temps, moi.  Gros fou-rire, qui déconcentre les écoliers.  Oups.

Une élève s'interrompt dans son travail, pour interroger son institutrice « Madame, je peux tourner ma page ? », « oui, à moins que tu ne veuilles écrire sur ta main ».  Humour, toujours humour. 

Je feuillette négligemment le programme des « sixièmes » : un véritable annuaire.  J'apprends ainsi que, si les enfants subissent deux heures de gym par semaine, ils n'ont plus droit à la piscine.  Bande de petits veinards ! 

Le demi-groupe « langue » réintègre la classe, me salue, et fait monter en flèche le thermomètre virtuel scotché au tableau, indicateur de l'humeur de l'institutrice.  Un peu de silence à bord, par pitié.  Je les trouve pourtant silencieux, moi (à croire que je m'attendais à une horde hystérique d'élèves courant et vociférant sans cesse). 

Après une petite leçon de vocabulaire (chuis fière, j'ai trouvé le mot synopsis, et j'ai même levé mon doigt pour donner ma réponse) vient l'épreuve abominable : les multiplications.  En groupes.  Un concours.  Les deux équipes me veulent en leur sein.  Ils n'imaginent pas leur malheur.  Je suis incapable de faire une multiplication écrite, seules les additions étant de ma compétence.  « Je peux prendre une calculatrice Madame ? »  Un bref rappel de la règle, suivi d'un bon fou-rire (je suis décidément très dissipée), suffit à me transformer en pro des mathématiques.  Pendant qu'une minuterie tomate nous houspille, je me concentre tant bien que mal sur mes calculs, et j'obtiens 10/10. L'honneur est sauf. I am the best. 

Heure de la récré.  Munie de ma collation, prévue pour l'occasion, j'accompagne la classe et son instit' dans la cour, afin de jouer à l'épervier.  Jamais joué à ça moi.  Valérie me rassure : les « grands » n'y jouent pas, ils se contentent de surveiller.  Ouf. 

La récré se termine, je suis frigorifiée dans mon coin de cour.  Valérie dispose d'une heure de fourche, pendant que ses élèves ingurgitent une leçon d'histoire.  J'évite la leçon, l'histoire et moi n'était pas fort amis, et je l'accompagne dans la salle des profs, afin de corriger quelques copies en sa compagnie.  Et, surtout, d'écouter quelques anecdotes croustillantes sur le métier d'institutrice.  Joli métier.

15h50, je me glisse dans le flot d'adolescents qui quittent les lieux joyeusement.  Mais oui mais oui, l'école est finie.

J'emporte en souvenir : deux chocolats ramenés de l'excursion de la veille, spécialement pour moi.

Vous aussi, vous voulez me faire tester votre profession ?  Envoyez-moi un mail ...

BONUS : Ce que je n'ai pas publié dans la Meuse : 

- que je me suis ridiculisée auprès des enfants, en tout cas auprès de ceux qui étaient tout tout près de moi en étant incapable de faire une multiplication écrire

- que Valérie, en prévision du concours, avait demandé une « cocotte minute » à ses collègues, au lieu d'une minuterie.  Elle a donc eu droit à ... une cocotte minute