Se maudire (1/2)

Publié le 23 septembre 2008 par Yannbourven
Que les hommes s’enfoncent que les pleurs s’estompent que les mots résistent que nos âmes périssent !
Cette nuit je suis seul, H. passe le week-end en famille, mon état ne s'améliore pas : j'essaie d'écrire et sur mon carnet troué résonnent les pas de cette phrase que je ne comprends pas :
Que les hommes s’enfoncent que les pleurs s’estompent que les mots résistent que nos âmes périssent !
Je reste seul à me maudire, j'ai de la fièvre et je tente par tous les moyens de m'apprivoiser, chaque goutte de sueur est un escroc tempétueux : brutalité, éclairs, pluie torrentielle, dehors mon double est poursuivi par ses Ombres hilares, l'ouragan n'est plus très loin et manquerait plus que je crève à l'instant dans cet intérieur confortable et suspect, les chants sacrés s'évanouissent dans l'air, je ne peux écrire posément et cette phrase qui me nargue comme un chef de gang puissant :
Que les hommes s’enfoncent que les pleurs s’estompent que les mots résistent que nos âmes périssent !
Une voix de femme semble me dicter ces mots que je grave sous hypnose, cette voix est une lune noire je le sais, je reste seul à me maudire, me maudire, me maudire, dehors mon double court sous la tempête, seul à me maudire, me maudire, j'aimerais baiser la Terre, la broyer entre mes mains d'architecte replié sur lui-même, à me maudire, me maudire, baiser la mort, rencontrer mes Ombres une nouvelle fois, et le Poème qui doit pourrir dans ma baignoire, je regrette de l'avoir tué, à me maudire, venez me voir, et je serai sage, je vous le promets, à me maudire maudire maudire mmmmmm, alors je répète cette phrase plusieurs fois à voix haute :
Que les hommes s’enfoncent que les pleurs s’estompent que les mots résistent que nos âmes périssent !
Soudain je sursaute ! on frappe à ma porte ! d'autres voix de femmes ! rapidement j'ouvre et je cours comme un lâche me planquer sous la table ! sept Ombres-femelles entrent en gloussant et en se touchant le ventre ! direct elles m'aperçoivent m'attrapent les jambes me traînent sur le parquet et me jettent sur le pieu ! je ne peux m'empêcher de rire lorsqu'elles me déshabillent en poussant des petits cris de singes ! elles sont en chaleur et écartent leurs cuisses atmosphériques ! ha ! que vont-elles me faire ! ce sont des fantômes de chair des femmes-fontaines magnifiques ! elles hurlent et exécutent des rondes frénétiques !
Perpétrer une vision presque un crime c'est un rêve intime que je déballe ici, ces bacchantes floues semblent me vouloir que du bien, le Bourven vous attend la queue entre les mains ! leurs jambes se détendent leurs vulves s'accrochent aux murs comme des toiles de Bonnie Colin ! pendant qu'elles étudient mes couilles et me caressent les cuisses mon gland bleuté frôle les plinthes de leus cambrures mes mains s'agitent avant de malaxer leurs culs de panthères, je mime des gestes convulsifs de la Nuit Festive, je secoue ces spectres en croquant de grandes lèvres (pendant que mon double fuit dans la tempête), caresses sanglantes, les Ombres-femelles s'occupent de moi, je meurs une bonne dizaine de fois, elles me pompent sans relâche, me transforment en bête féroce, je grogne, encadrements songes et cris, je prie comme un moine enfermé dans un bordel, ces séductrices-magiciennes ont des lunes noires tatouées sur leurs poignets de suicide, allons mesdames, réinventons la légende nocturne, ah je les baise, je recommence, je sodomise de tendres cimetières de musique, soudain tout s'arrête !
Que les hommes s’enfoncent que les pleurs s’estompent que les mots résistent que nos âmes périssent !
Une Ombre-femelle anorexique fait son apparition, une femme-enfer, une maîtresse déglinguée, les sept autres Ombres-femelles se prosternent à ses pieds, petite déchaînée tends-moi tes fesses ! les sept Bacchantes m'ordonnent de me taire, toutes elles l'appellent Déesse, et cette créature va parler, on me force à l'écouter : alors mon studio disparaît, je suis dehors, la tempête fait rage, la voix de cette Déesse me soulève me transporte dans les airs, la guerre a dû commencer, Ombre, Déesse, je t'écoute, transmission radio pulvérisée :