#3
Publié le 10 septembre 2008 par Yannbourven
Salut ma trogne. Bien dormi ? tu ne t'es pas métamorphosé en un monstrueux insecte ? Hahaha ! allez quoi, fais-moi un sourire ! je t'écoute, as-tu voyagé la nuit dernière ? souviens-toi, fais un effort ! Oui, très bien, tu t'es baladé sur les rives mentales, une ville, tu traversais la ville en grinçant les dents, insultant au hasard des hommes saccagés par le système, des hommes aux ventres recousus, et tu t'es montré odieux avec tes semblables qui lisaient des ouvrages merdiques dans les transports en commun, tu crachais, vociférais des lyrics acides, nous t'entendions, tu bavais du mercure sur leurs lèvres pincées, puis tu t'es engouffré dans un grand magasin et tu t'es battu avec une libraire vendeuse de livres corrompus, tu l'as violée sur sa caisse enregistreuse, ha mon cochon ! je sais bien que tu ne supportes pas les rentrées littéraires et son cortège de romans commerciaux, fades et aphones, mais bon, les gens veulent être consolés, comprends-tu ? ils ont abandonné, trop la frousse de réfléchir, ils se pissent dessus lorsqu'ils se penchent sur un livre en forme de miroir organique : ils ne reconnaissent pas leurs propres visages, tu imagines ça bordel ? de vraies feignasses intellectuelles, non ? pourtant ils savent bien que la littérature dit la vérité, la littérature qui prend des risques, celle qui joue sa vie, celle-ci, la littérature qui arrache les tripes, tu comprends pourquoi ils se baladent sans rêver, croyant être immortels, sans impatience, jamais, tu comprends pourquoi ils ont le ventre recousu, veulent plus revivre cette terrible épreuve qu'est la lecture fiévreuse d'une vraie oeuvre littéraire, trop dur pour eux, souhaitent tâter de la grisaille, du moite comestible, becqueter du faits divers racoleur, de la misère rassurante, de l'amour adolescent, rester tranquilles, rester zen, pas de soucis, pas de miroirs à la con, pas de vérité en face, viole-les tous si tu veux ! ouais, vas-y en fait ! ils le méritent ces moutons ! valent plus rien, rien du tout, marre-toi va, pense quand même à la minorité qui veut changer le monde, tu verras, ça existe, ça rassure de se dire ça, ha ha, tu me fais rire, tu tires une drôle de trogne, j'ai une idée : écris-moi un poème pour demain, tiens ! ouais ! écris et voyage dans ton crâne crépusculaire, j'ai hâte de le lire... Bonne nuit mon frère.