Jeudi : talking to sharks

Publié le 25 septembre 2008 par Domino


J'aime mes amies. Elles sont toutes un peu folles…
Au début il y a eu Cassandre, ensemble on a fait toutes les bêtises possibles et imaginables ; aller voir des concerts ou aller à des fêtes à 13 ans en cachette.
Jusqu'à ce que la pension nous sépare. En pension il y a eu Sabine, perdue comme moi au milieu de toutes ces filles du 6e arrondissement qui arboraient déjà la panoplie de leur mère à 16 ans.
Sabine, Anne-Laure, Lucie, à trouver trop courts les 3/4 d'heures de liberté que nous avions par jour.
On finissait par se faufiler la nuit dans une chambre ou l'autre pour parler, tellement cette vie nous laissait amorphes.
Le matin on dormait sur nos cahiers et un jour la grosse dame russe qui tenait l'internat a appelé mes parents pour leur dire qu'il fallait arrêter la pension. Elles ont laissé la place à de nouvelles amitiés adultes, plus fortes et moins aléatoires.
Chrystelle, Ari et moi nous tenons la main et si l'une trébuche, la plus proche la rattrape fermement.
Les seules filles avec qui je me retrouve à pleurer de rire ; les seules que j'ai prises dans mes bras quand elles n'allaient pas, des heures et des heures ; des mois à rehisser à la surface celle qui faisait une vraie dépression, les premières à qui j'ai dit que j'attendais un enfant.
À  la terrasse du café ensoleillé Chrystelle a ri, s'est penchée vers mon ventre encore plat et à dit : coucou toi, c'est ta tante Chrystelle.
Ari qui campait sur mon canapé les premiers mois, pour me relayer la nuit.
Et mes hommes à moi : ceux avec qui c'est différent.
Celui avec qui une terrible cuite n'est pas risquée, et qui vous ramène à la maison ivre morte, vous met au lit et dort sur le canapé (mais pourquoi il ronfle ? ah oui, l'alcool).
Celui avec qui vous avez formé un duo de DJ absolument lamentable parce qu'au bout du 4e morceau vous êtes déjà un peu saoûls, à bavasser à l'autre bout du bar sans plus vous préoccuper de la musique à passer. D'ailleurs vous ne prépariez jamais votre set car c'est au dessus de vos forces de vous y prendre à l'avance pour quoi que ce soit.
Celui que vous appelez en pleine nuit pour pleurer sur cette histoire impossible.
Celui avec qui vous passez des heures chez gibert à fouiller les bacs.
Celui qui vous amène des piles de magazines de mode alors qu'enceinte on vous a interdit de vous lever.
Celui qui propose de vous emmener en scooter à l'hôpital pour la naissance, parce que vous n'avez pas votre permis.
Celui qui vous coupe les cheveux, et inspecte ce que vous allez vous mettre pour ce rendez-vous (et pas de décolleté ! mets une chemise, tu n'as pas besoin de ces pièges à garçons ! mouais… ).
Celui qui vous emmène danser jusqu'à 5h du matin alors que le lendemain vous travaillez et lui aussi…
Celui qui a décidé de se taire sans explications, et ça fait comme une écharde, toute petite.
Celui avec qui c'est devenu possible d'élever un petit garçon, de se partager les tâches les inquiétudes, et de rire de tout ça sans regrets ni amertume.