Il y a un peu plus d’un an je débarquais à Bruxelles.
Pour seuls bagages : mes filles, un lit de grand bébé, leurs fringues et les miennes et mes nerfs qui ont tenu, tenu et tenu… A tout bien réfléchir, je ne sais pas ce qui les tenait si bien, et je n’ai pas trop envie de creuser la question non plus.
Mon ancien chef m’a re-tendu sa main. Et mon amie nous hébergeait. Je n’avais plus un sou en poche. Les économies glanées au fil des années fastes avaient été épuisées en une année. La raison : n’avoir plus rien à « lui » demander… Surtout pas l’aumône…
Je devais peser environ 43 kilos. J’étais de couleur grise. Je ne savais plus sourire sans avoir envie juste derrière de laisser couler mes larmes. A quoi j’en étais rendue, hein, « par amour » ? A prendre la fuite pour survivre…
Un an après, ma métamorphose est spectaculaire, elle aboutit, je le sens. Je m’ouvre, délicatement, tels les pétales d’une fleur sous la rosée d’un nouveau matin.... Je me suis retrouvée, pleinement trouvée. Je m’affirme enfin dans tous les domaines de ma vie. Je gagne en assurance chaque jour.
Je me sens enfin bien dans ma peau, j’ai trouvé mon « style » et je m’y sens incroyablement bien. Ma vie s’installe. Le rythme devient doux. Mes filles s’épanouissent à vue d’œil.
Et puis depuis quelque temps déjà, je me sens vivante. Bizarre, hein ? La vie est incroyable.
Elle réserve des surprises, toujours, à qui sait les recevoir ou les provoquer, un peu, l’air de rien…
Je dors moins mais je dors mieux. Je mange moins mais je me sens mieux.
Finalement, j’ai appris une toute petite chose au cours de cette longue année à peine écoulée, mais elle est de taille...
La vie n’est pas belle en soi.
Elle est neutre, ni belle, ni moche. Elle donne et elle reprend, elle tire et elle pousse, elle provoque, elle handicape et elle récompense, dans un sens et puis dans l’autre. Elle fait même se casser la gueule. Elle fait des croque-en-jambes, même au plus acrobate qui ne les voit pas toujours venir…
L’unique constante qui ne change jamais, c’est SOI-MEME !
Tout est une question de regard porté sur les choses, les événements qui la constituent, au demeurant… On doit VOULOIR se rendre la vie la plus belle possible.
Il nous faut donc l’appréhender sous le bon angle.
Se forger des moments, des instants qui comptent, qui nous font profiter du fait même d’exister, d’être là, quelque soit le moyen dont on en profite, il faut en jouir (au sens large du terme).
Faire le tri, ôter les mauvais moments en les laissant de côté immédiatement, comme ponctuels (ne pas les ressasser, sinon, ils durent). A contrario, profiter des bons immédiatement et s’en souvenir, y penser et les faire durer autant que possible.
Ce n’est rien d’autre que la notion du verre à moitié plein ou à moitié vide, selon la partie sur laquelle on s’attarde. Soit on se concentre sur le vide et on se plaint qu’il est presque fini sans profiter de ce qu’il reste… Soit on se délecte de la moitié restante, en jouissant encore de son goût divin jusqu’à la dernière goutte.
Pendant les 3 dernières années, je n’ai vu qu’un verre qui se vidait. Je restais bloquée sur mon nombril, mes grands malheurs, sans pouvoir jouir de rien…
Et puis de façon insoupçonnée et discrète, à force de me libérer de la chape de mon passé, mon point de vue sur les choses a changé. Et aujourd’hui je ne vis les choses qu’en regardant leur bon côté. Je suis beaucoup plus calme. Je me suis posée. Enfin.
Mon Taz s’endort, il est de moins en moins actif en moi, même lorsque je suis en voiture, je prends tout avec philosophie, selon un autre point de vue et ça me va nettement mieux (y’a toujours des gros mots, hein, même que ma grande me dit maintenant « Non, maman, ça il faut pas dire ! », mais moins quand même…)…
Les journées avec mes filles s’en trouvent bouleversées. Avant, je ne gardais en mémoire que les cris, les remontrances, les corrections et je me disais « quelle dure journée passée, je n’ai pas profité »… Aujourd’hui, je prends les choses différemment. La partie éducation, même si elle n’est pas rigolote est obligatoire. Je crie, je punis et j’oublie instantanément et le reste de la journée est gai. Je ne m’y attarde plus, je change immédiatement le ton dès que l’instant colère est passé. Sitôt passé, sitôt oublié, prête pour un nouveau moment…
C’est magique, c’est libératoire et ça rend tout profondément différent. J’apprécie le moindre moment que j’ai devant moi : quelques minutes avec mon i-pod sur les oreilles dans le métro ou le tram, une conversation téléphonique, une conversation MSN, la lecture d’un mail, un câlin avec mes filles, un sourire d'elles, un morceau de leur peau qu'elles m'offrent à embrasser...
Ces instants sont vécus pleinement et décuplés dans ma mémoire.
Aujourd’hui, je peux le dire : ma vie est belle. Pourtant, il n’y a rien de profondément différent, j’ai juste VOULU la voir différemment…
On n’a pas de deuxième chance, c’est TOUT dans cette vie-là, maintenant, pas demain, ni hier, non : tout de suite…
Et cette beauté-là n’est ni inexistante, ni indécelable.
Non, elle est contenue, en substance qu’il faut s’efforcer de déceler ou de percevoir, dans les moindres, les petites, minuscules choses qui meublent toute une journée…
CARPE DIEM : « Cueille le jour »… Cueille ce que t’offre le jour, chaque jour…
Essayez et dites-moi que j’ai raison…
;o) Sérénité philosophe, quand tu nous tiens ! Surtout, surtout ne t’échappe pas… ;o)