Première rencontre avec Marie Feu

Publié le 25 septembre 2008 par Didier T.
Photo MondinoCe soir Arte (je regarde Arte en ce moment le soir et j’ai des rhumatismes à l’épaule) propose Belle de jour.
Le film se passe à Mexico. Il fait très chaud, le soleil tape fort, la poussière orange sale est partout, il n’y a pas d’air. Miguel Arturo Pérez est étendu sur le sol aride, bouche ouverte, tête nue, la nuque posée sur le sol aride. Il a un trou au côté droit d’où s’échappe du sang (Rimbaud m’a bien aidé).
Sur le dos d’un âne à qui elle murmure des choses ésotériques mais érotiques à l’oreille, Marie Feu avance vers Miguel. 
Il ouvre les yeux lorsqu'elle se penche sur lui. Il a peur. Cette femme pourrait le tuer ; il le sent. Ils n’aiment pas les femmes mexicaines. Ils les trouvent violentes. Il lui demande quand même de l’eau. Pour se promener ainsi, le teint frais, en plein désert mexicain, elle a sûrement une gourde remplie à ras bord.
Sans un mot, elle retourne vers son âne. Il se sent presque sauvé mais elle tire d’une sacoche une lame, la plus grande lame que Miguel Arturo Pérez ait jamais vue de sa vie. Il ne se sent plus du tout sauvé mais au bord de mourir définitivement. 
Elle s’avance doucement vers lui. Il ferme les yeux. Il entend un grand crac. Il essaie de localiser l’endroit de la douleur. Mais il ne sent rien, juste cette brûlure au côté droit, la balle qu’il a reçue voilà plusieurs heures du chef d’un cartel qui l’a conduit jusqu’ici pour qu’il crève lentement. Il ouvre un œil. De l’eau, une quantité astronomique d’eau froide, lui coule dans l’œil et sur tout le corps. Il ouvre un deuxième œil pour comprendre.
Elle a éventré un cactus avec sa lame d'où l'eau jaillit comme d'une douche géante.
Maintenant elle babille sur la vertu des cactus, sur les propriétés de leur eau vitalisante etc
Elle dit qu’elle s’appelle Marie Feu et qu’elle est française, qu’elle sait qu’il est en mauvais état, et qu’elle est d’accord pour l’aider, qu’elle va le mener jusqu’à chez elle mais qu’elle a mal aux pieds et surtout qu’elle a une mauvaise circulation sanguine, ce qui rend ses jambes lourdes, alors qu’elle va continuer à dos d’âne, que le petit animal est trop petit pour supporter le poids de deux humains surtout d’un plus lourd parce que mâle et plus encombrant parce qu’avachi regard à la douleur, alors qu’il va devoir marcher, elle dit qu’il n’a pas le choix que c’est ça ou finir ici en rosbeef crâmé.
Il choisit de marcher.
Ils voyagent longtemps. Elle boit souvent au goulot de la gourde, qu’elle lui balance après ; elle mange très délicatement des cookies au chocolat, lui il les dévore goulûment. En fait, il la désire. 
Enfin arrivé chez elle, au bord de l’épuisement, il s’effondre sur le lit de la chambre d’amis qu’elle lui indique.
Il a du mal à s’endormir. En face du lit, elle a accroché un tableau de George Clooney peint par sa copine de New York Elisabeth Peyton.
Le lendemain, Miguel Arturo Perez, petit déjeune solidement. Elle lui a préparé des oranges pressées et une brioche. Il peut aussi se servir de confitures. Elle, elle mange dans un bol de céréales des araignées rouges qui baignent dans du lait d'ânesse. Elle lui dit qu’elle adore les insectes et qu’ils le lui rendent bien. Après le petit déjeuner, elle lui demande de faire la vaisselle. Elle dit qu’elle déteste faire la vaisselle. Elle part s’installer dans un hamac. Elle lit Hubert Selby Jr.
Au terme de sa corvée, il ose lui demander, ce qu’elle fait dans la vie, enfin pour gagner sa vie et vivre dans une si jolie hacienda.
- Je suis une guerrière.
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