Le Champagne coulera à flots le 16 novembre au soir, chez Bertrand, Ségolène, Martine ou Benoît, à l’issue d’un Congrès que tout le monde redoute. Ne sachant pas très bien s’il sera un congrès d’implosion, comme celui de Tours (1920) qui vit la gauche éclater en deux mouvements rivaux ( les socialistes d’une côté et les communistes de l’autre), de reconstruction, comme celui d’Epinay (1971) où François Mitterrand fusionna le cartel des gauches non communistes pour prendre la direction du PS (fondé sur les ruines de la SFIO en 69) ou de guérilla, comme celui de Rennes (1990) où les enfants de Tonton se déchirèrent comme des hyènes (Fabius, Jospin, Rocard, Chevènement, etc.) pour reprendre le flambeau.
Six motions seront donc soumises aux voix des militants, qui représentent en fait seulement quatre options politiques divergentes (et encore…). Un pôle écologiste, représenté par deux motions (même au sein du PS, un vert ça va, deux verts, bonjour les dégâts), un pôle « à gauche toute », représenté par Benoît Hamon et soutenu par Zorba-nuelli et Maolenchon, un pôle « centriste », représenté par Benoite Sixteen Royal, dont le bras droit RebsAMEN vient de faire un nouveau clin d’œil à Bayrou (il est vrai qu’il est passé maître dans l’art d’accommoder le MoDem à la sauce moutarde) et un pôle social-démocrate représenté par deux motions, celle de Martine 35 et de Bertrand 1er.
Les alliances cocasses entre l’Europhorique Aubry et l’Europhobique Montebourg, entre le Jospinolâtre Delanoë et le DSKologue Moscovici ou entre le cryptogauchiste Dray et le cryptolibéral Valls feront rire dans les rédactions, les chaumières et les sections. Par Hamon et par Valls, de la gauche à la droite, ils sont tous là.
Les plus cohérents ? Probablement les tenants de NPS (Hamon-Emmanuelli-Mélenchon) qui conservent une ligne claire depuis longtemps, mais aussi la Chapelle Royale, avec Esméralda Ségo et ses Casimodem. Tout ceci pour nous rappeler que les tactiques personnelles et les combats d’égos prennent bien évidemment le pas sur les convictions et les visions pour la France. Et quand Bartolone, le porte-flingue de Fabius au charisme de croque-mort, explique sur France Inter qu’il soutient Aubry car elle ne présente aucun danger pour la Présidentielle, on comprendra que pour tous, le regard est plus fixé sur les échéances de 2012 que sur celles de novembre.
Curieux calcul d’ailleurs que ceux de Delanoë et Royal, qui briguent la tête du Parti alors même qu’ils ont des ambitions pour l’Elysée. Car le parcours qui sépare le Congrès de Reims des Présidentielles sera semé d’embuches pour le « Primum Inter Pares » sorti des bulles blanches de Champagne : les Européennes de 2009 et les Régionales de 2010 devraient être presque mécaniquement des défaites pour les Socialistes. Avec un score de 28,90 % en 2004 aux Européennes (laissant l’UMP à 16,64% et l’UDF à 11,96%) et 20 Régions gagnées sur 22 (contre 8 précédemment) au scrutin régional de 2004, il sera difficile au futur capitaine de route de présenter un bilan plus flatteur que celui de l’ex Monsieur Royal. Peut-être est-ce pour cela que François le surdoué s’est mis dans la roue de Delanoë. Ce dernier est en effet probablement le plus rusé des 6 prétendants de Reims et il sait comment tirer des bords dans le marigot socialiste. Une fois installé Rue de Solferino, Delanoë devra livrer de si nombreuses batailles (gérer la Mairie de Paris, devenir le premier opposant à Sarkozy, éviter les croche-pieds de ses petits camarades, mener deux rudes combats électoraux) qu’il risque d’arriver en 2012 lessivé et prêt à sortir sur une civière (et n’oublions pas d’ailleurs que c’est suite à la bataille de Solferino que fut inventée la Croix Rouge…). Et qui apparaitra alors comme le recours pour le camp Delanoïste (doit-on dire Delanoïste ? ça fait un peu Maoïste… Doit-on dire Delanoïen ? ça fait un peu païen… Doit-on dire Delanoïaque ? ça fait un peu paranoïaque…)… notre petit Culbuto, qui tombe mais se redresse toujours…
Mais en attendant Reims, place au débat de fond… (de cuve).