Pas d'Anathème pour Macherot

Raymond Macherot est mort. En un sens, ses livres n'avaient rien d'enfantins et c'est pour cela qu'ils étaient adressés aux enfants. Je sais qu'on lira ici et là que ces histoires de plus en plus sombres au fil des années mettaient en scène des "méchants" aux comportements de plus en plus humains et adultes (devenant parfois les personnages principaux, comme dans la série Sybilline). Mais je continue de penser que ses albums étaient destinés aux enfants, mais avec une très grande intelligence du récit et une vraie générosité dans les idées. Des univers loin des contines asseptisées, à l'écart des mondes merveilleux, qui étaient tout autant de lieux d'école buissonière où l'on comprenait que la vie et la nature ne sont pas faits de tenants simplistes et manichéens, mais de changements, de doutes et de surprises.
C'était du grand art, voilà tout.
Les réeditions vont pleuvoir, peut-être de meilleur qualité que ce qu'avait connu certaines de ses séries. On aura de gros livres avec couverture rigide, bien rangés dans les étalages des librairies spécialisées et des grandes chaines de distribution. Des ouvrages à destination de nostalgiques. Macherot sera alors bien mort et enterré. On pourrait imaginer que les éditeurs se souviennent que les ouvrages de Macherot étaient conçus pour toucher les enfants et qu'il faut aller les chercher là où ils sont. On pourrait imaginer que Sybiline revienne sur des formats plus petits, sans réchigner à une impression et un lettrage correcte, à destination des bibliothèques, des ludothèques, et même des cours d'école (pourquoi pas des partenariats pour permettre aux mômes d'avoir ça en poche pour zéro euros ?).
Bah... A trop lire ce genre d'auteurs, on grandit avec trop de rêves.