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L’improbable rencontre

Publié le 29 septembre 2008 par Stella

Les statistiques n’ont jamais réussi à exprimer la moindre émotion, c’est pourquoi je ne chercherai pas à savoir quelle était la probabilité que Monsieur Taillandier et moi, nous nous rencontrions. Et pourtant…

Comme vous le voyez, j’avais fait cette note il y a presque un an, à la suite d’une “conversation” de blogosphère. Il était dans ma mémoire, avec des souvenirs épars tout autour, que j’avais soigneusement rassemblés. Riche de mon expérience avec Jour de malheur et avec Madeleine Raillon, deux notes qui m’ont permis d’entrer en contact avec des gens que je n’aurais jamais imaginé rencontrer, j’avais conclu mon texte par un merci en forme de “bouteille à la mer”. Sait-on jamais… Eh bien, elle est arrivée à bon port : cherchant des renseignements sur sa généalogie sur le net, Monsieur Taillandier est arrivé… chez StellaMaris.

Bien sûr, la Providence a bien fait les choses : 24 heures plus tard, il était de passage à Paris et nous pouvions convenir d’un rendez-vous. Le jour dit, alors que j’avais manqué ses appels téléphoniques, lorsque je l’ai rappelé, il était dans l’autobus à… cinquante mètres de chez moi. Et voilà…

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Il est exactement comme je pouvais l’imaginer, avec la carrière qu’il méritait d’avoir : celle d’un enseignant entièrement tourné vers ses élèves. Féru de mécanique au point d’abandonner le primaire pour s’occuper des collégiens en difficulté comme professeur de technologie. Dépensant une énergie considérable à emmener ces mêmes élèves, dits “difficiles” en voyage dans l’île de Ré, enthousiaste pour son métier, amoureux de l’Afrique bref, à la hauteur des impressions inoubliables de la petite Rhétaise que j’étais.

A nous rencontrer, les souvenirs sont revenus en foule :  ceux que j’avais oublié, comme la rédaction où je racontais “le mariage de ma maman” et ceux qui étaient juste cachés derrière le voile du temps, comme la fête de fin d’année. Ah, quel moment extraordinaire… Cette année-là, nous avions joué Ali Baba et les 40 voleurs. Ce n’étaient pas les simples danses que nous faisaient exécuter les maîtresses des années passées, mais une véritable pièce de théâtre, avec récitatif, musique, bruitages, danses, comédie, mime etc.

Je ne me souviens plus du garçon qui jouait le rôle d’Ali Baba et pourtant, je le revois sur scène, complètement investi dans son rôle… Comme les voleurs, d’ailleurs, dont le chef était un grand frisé, Thierry Georgeon, peut-être ?… Il devait y avoir quelque part Shéhérazade, la narratrice. Moi, j’étais la première danseuse. Enroulée dans une longue pièce de rayonne d’un mauve un peu parme, envoyée depuis Paris par ma mère, à la mode uniquement en 1970… J’avais le bas du visage caché par un léger voile de soie et j’étais couverte de colliers de coquillages venus en direct du magasin de ma grand-mère. Ils tintinnabulaient à mes chevilles et à mes poignets et je “menai la revue”, en tête d’une dizaines de mes camarades. Unique.

Je me souviens qu’il y avait une “danse du sabre” absolument échevelée, menée tambour battant sur la fameuse musique de Khatchatourian par… j’ai dans l’idée une bande de sauvages mais ce devaient être les voleurs. Il y avait “Sésame, ouvre-toi !” Ah, un grand moment : monsieur Taillandier, qui s’était chargé de toute la sonorisation, agitait à ce moment-là une grand plaque de tôle et la paroi de carton, soigneusement peinte par nos soins, s’ouvrait lentement sur les trésors. Inimitable. Dans notre conversation, à l’évocation de ce mythique moment, il me raconta que l’un de mes camarades, dans une petite rédaction à propos de cet épisode, avait benoîtement écrit “Suzanne, ououououvre-toi” ! Eh oui, nous étions bien jeunes…

Voilà l’improbable rencontre que je voulais vous raconter. Un moment magique, inoubliable. Une émotion sans fin que je tourne et retourne dans mon coeur depuis dimanche. Je souhaite à tous ceux et celles qui avaient commenté ma note de l’année dernière qu’une aussi belle aventure leur arrive. C’est vraiment délicieux. Après un café et deux heures qui ont passé comme en un clin d’oeil, monsieur Taillandier et son épouse sont repartis. Un peu désorientée, j’ai fait quelques pas dans la rue, envahie de nostalgie mais ravie. Parfois, la vie est belle comme une image.


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