Magazine Journal intime

A la poursuite du bonheur

Publié le 16 juillet 2007 par Mirabelle

Mon cher Victor,
A la poursuite du bonheur

Il y a longtemps que je n'étais pas venue bavarder avec toi. C'est à cause de moi ? Tu n'aimes plus ma compagnie ? Si, bien sûr que si. C'est simplement que je suis en vacances et du coup, la catégorie "Mirabelle, maîtresse stagiaire", qui nous occupait beaucoup, s'étoffe moins. Eh bien tu n'as qu'à faire un sort aux autres ! J'y songe mais rien ne vient. Je suis dans une drôle de période, Victor. Ah... J'ai l'impression de tout laisser glisser, de faire du sur place... Tu n'es quand même pas gênée de dire ça ! Ta situation professionnelle prend une très bonne tournure ! Oui, mais quitte à passer pour une geignarde, je ne sais pas dans quelle école je serai et je ne peux pas faire de projet, quel qu'il soit. Rien ne m'intéresse. La vérité, c'est que si je viens moins te voir, Victor, c'est parce que je ne me sens pas très bien en ce moment. Certaines choses que j'espérais ces dernières semaines, et que je ne souhaite pas évoquer, ne se réaliseront pas. Et ça me rend triste.

Tout devrait bien aller pour toi, pourtant !
En apparence, oui. Mais je suis la Bree Van de Camp française. Faire comme si tout allait bien. Sourire. De façade. A l'intérieur, se dire que tout ça est une belle comédie. A ce point ? Je ne sais pas. Il m'est difficile d'être objectif. Tout ce que je sais, c'est que le bonheur me paraît inatteignable. Ah, le bonheur... Vaste sujet... Est-ce de ma faute ? Sans doute que je ne mérite pas d'être heureuse... Tu veux bien arrêter tes bêtises ? Le bonheur est un droit, Mirabelle, et chacun a le droit de le poursuivre ! Bientôt, tu vas me réciter la Constitution des Etats Unis... Ne change pas de sujet, tu veux ?! Tout ce que j'essaie de te dire, c'est que plus tu chercheras le bonheur, moins tu le trouveras ! Ce n'est pas en les guettant que tu savoureras des instants précieux ni en dévalorisant les minutes de rare sérénité qui te traversent que tu te sentiras mieux. Tu commences à bien me connaître... Il serait temps !
Parfois, je me demande si le bonheur, ce n'est pas se contenter de peu. Ne rien attendre des autres. Ne pas être exigent. Et se raccrocher à ce qui nous semble stable dans la vie en se disant que si on veut, on peut. Sauf que parfois, on ne peut pas toujours... Je sais bien. Cependant, j'aime croire qu'on peut tant qu'on n'a pas la certitude qu'on ne peut pas. Tu vois ce que je veux dire ? Oui, je vois. Bref. Je me demande si le bonheur est une question de volonté ou de nature. De caractère ou de maturité. C'est sans doute faire preuve de sagesse que de relativiser ce qui nous entoure et de parvenir à ne pas regarder en arrière. Sauf que je ne suis pas comme ça du tout. Je voudrais en être capable. Ne pas me soucier des autres, ne pas observer ma vie de loin et me dire que je suis une fille totalement inintéressante. Oublier ce qui me déçoit. Tirer un trait sur toutes les erreurs de ma vie, sur tous ses défauts, sur tout ce qui me la gâche, sur tout ce qui m'empêche d'avancer. Je ne peux pas.
Je débute cette semaine d'un bien mauvais pied, c'est vrai. J'ai hâte qu'elle se termine. Je sais qu'elle sera ratée et que le dimanche soir, je serai amère et déçue, en me disant que j'ai fait semblant une fois de plus et que rien ne s'est produit. Les journées se ressemblent. Imperturbables. Grises comme le ciel de ma région natale, tristes comme la pluie qui cogne contre le carreau depuis environ une demie-heure. Tout à l'heure, j'ai failli acheter un billet pour Portsmouth. Un voyage en bateau, un sac de voyage, et j'aurais foulé le sol de mon Angleterre. J'ai failli dire à Claire que j'arrivais, qu'elle pouvait préparer la chambre d'ami. J'aurais pris ma semaine, pour avoir de vraies vacances, puisque les vacances sont faites pour se détendre et voir la vie du bon côté. Une parenthèse, encore... N'oublie pas que les parenthèses sont faites pour être refermées, Mirabelle... Je sais. De toute façon, je n'ai pas le grain de folie qui me permettrait de partir à l'improviste. Mais l'idée même d'y penser, d'y rêver, d'imaginer tout ce que je pourrais faire là-bas... Prendre le premier bus National Express, retirer des livres au distributeur, demander mon chemin en anglais... Oui, tout ça m'a fait du bien, l'espace de cinq minutes. Cinq minutes seulement...


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