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Un jour

Publié le 01 octobre 2008 par Unepageparjour

Un jour qu’elle disposait d’un peu de temps libre, Jeanne partit avec Julia au marché. Il s’agissait de trouver un Rosier, pour combler ce manque de lettre R du jardin. Julia en était toute excitée. La veille, elle en avait parlé à tous les pensionnaires de « La Maison du Bonheur ». Enfin ! disait-elle, je vais pouvoir respirer ! Elle riait, elle sautait, elle courait, elle se roulait dans l’herbe, elle tapait des mains, elle criait, elle s’allongeait auprès de l’étang, grimpait sur les pierres du vieux mur, s’accrochait à la crinière des ânes, empilait sur ses cheveux ensoleillés les chapeaux de pailles ... tant d’excitation ! Et contagieuse, en plus. Les vieilles dames et les vieux messieurs se mettaient à valser dans le jardin, comme dans leurs jours de printemps, fredonnant de vieux airs viennois qui se mêlaient aux éclats des perruches. Même les paresseux, les yeux écarquillés, semblaient prendre part à cette agitation extrême, dodelinant leur grosse tête ronde en esquissant quelques mouvements de danse.

Un rosier ! Oh ! Merci maman, soupira d’aise Julia en s’endormant, à l’orée de ses rêves.

Il ne s’agissait pas du marché du village, avec ses deux étals peu garnis, mais du marché de la grande ville, à trente kilomètres de là. Il fallut partir tôt, dans la Kangoo verte de Jeanne. L’air du matin sentait bon l’été. Les fenêtres de la voiture, grandes ouvertes, jouaient avec les cheveux de Julia. La musique, à fond, chantait des ritournelles pour amoureux. Et Julia avait le cœur bien léger.

La route était douce. Un peu étroite, mais qu’importe. La mère et la fille souriaient du bonheur simple d’être là, ensembles, pour ces petits riens de la vie, qui sonnent comme des trésors.

La ville ! Ses larges rues. Ses parkings immenses. Ce monde qui se promène, parfois affairé, parfois tranquille. D’autres enfants, des vieillards, des hommes d’affaires pressés... Le marché parcourait la ville comme un serpentin géant. Il s’étalait avec luxe sur les places bordées d’arbres, se faisait tout petit pour s’infiltrer dans les ruelles en pente, tournait aux carrefours, descendait les escaliers, se cachait sous les voûtes. Le marché vivait dans la ville, comme un cœur battant.


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