Jean-Pierre Surest est un hyper-actif. Ne me demandez pas ce qu'il prend au petit déjeuner, peut-être qu'il trempe son kilomêtre de tartine beurrée dans un gros bol de calva, je ne sais pas. Je l'ai toujours connu comme ça. Je me souviens de notre première rencontre, de sa gentillesse et de son bagout il y a au moins dix-huit ans, lorsqu'il dirigeait avec son collègue d'alors, Alain Ledoux, le fanzine Sapristi. J'ai pu, grace à lui, faire mes humbles premières armes dans les pages pubs du canard. C'était bien avant que je ne rejoigne l'école de design d'Amiens, autant dire qu'il m'a fait découvrir les contraintes de l'imprimerie avant tout le monde. Il a été aussi l'un des premiers à porter un regard critique sur mes gribouillis de l'époque. Et ça charclait. Et il avait raison.
Le temps passe, mais Jean-Pierre est resté le même. Il anime l'Association Normande de Bande-Dessinée, et aide quelques auteurs locaux (dont Nicolas Sterin que je salue) à publier des albums. A chaque fois que j'ai eu la chance de le croiser, c'était sur le marché de Dieppe lorsque je rejoignais le giron familial. Evidemment, ces moments se sont faits de plus en plus rares au fur et à mesure que je m'éloignais de ma ville natale. Avec les 10 000 kilometres qui m'en séparent aujourd'hui, autant dire que je n'ai plus que des nouvelles indirectes ou au compte-goutte. Mais je sais de source sûre qu'il est resté le même, et je vais vous dire pourquoi.
Ce week-end (4 et 5 octobre), à Dieppe, capitale du galet où l'on inventa l'élection de Miss Hareng que le Monde entier nous a tant enviée, il organise le 6e festival de BD "Le Phylactère et la Mer". Dieppe, c'est une petite ville charmante même si de gros abrutis cherchent aujourd'hui à en faire un Saint-Trop' de pacotille. Une ville petite, certes, mais qui va recevoir pas moins de 40 auteurs, et ce pour le prix d'entrée d'un malheureux euro. Parmi les auteurs sont annoncés F'murr (ceux qui ont lu mon album Gordo auront peut-être remarqué une filiation avec l'œuvre de ce génie des belles pages), Walthéry (papa de Natacha) ou encore Carin (dessinateur de Lefranc). Les autres artistes sont à l'avenant (comme la poire).
40 auteurs de BD à deux heures de Paris, plus des activités et des expos, le tout dans un cadre décontracté avec la mer, ses alluvions et ses dix degrès celsius : seul Jean-Pierre peut réussir une telle épreuve de force. D'ailleurs, son festival il le traduit comme une "rencontre d'amis", entendez les auteurs et leurs lecteurs. Il n'a pas changé je vous dis.
->Plus d'infos, le site de l'ANBD.