Le jour où mes fesses se sont transformées en castagnettes

Publié le 01 octobre 2008 par Chondre

Je connais maintenant la formule magique magique pour faire passer le plus rapidement possible les semaines stressantes et chargées au travail. Je n’ai jamais pris autant à la légère les responsabilités confiées par mon agence. Les réunions se sont succédées, les rapports ont été écrits avec une facilité déconcertantes et les présentations ont été réalisées sans stress particulier. Mon esprit était ailleurs depuis le début du mois de septembre. Nous avions enfin réussi à fixer une date pour célébrer les trente ans de Nono. Il était temps car son anniversaire datait déjà d’une bonne dizaine de mois. Son chéri, mon gendre adoré, nous avait proposé un programme aux petits oignons. Nous allions nous rendre en Normandie pour passer tous ensemble un week-end gorgé de surprises et de rebondissements. Fcrankounet, Ioiounet et leurs conjointounets respectifs étaient également de la partie.

Rendez-vous était donné rue Lucien Sampaix avant de nous rendre en groupe chez Nono à la fraîche. A était chargé de nous ouvrir discrètement la porte d’entrée et surtout se débrouiller pour que son chéri ne se retrouve pas à poil devant ses amis. La surprise fut totale. Un café et une douche plus tard, nous partions tous en direction du Mont Saint-Michel pour y passer la journée et atterrir en début de soirée dans un gîte atypique mais très sympathique. L’ambiance était chaleureuse. Toute la petite bande à l’exception de Nonochou savait ce qui l’attendait le lendemain. Snooze et moi même étions chargés d’organiser le dîner. Trois longues heures de préparation ont été nécessaires pour préparer un pain vraiment pas bon, une grosse salade et une quantité indécente de lasagnes gloubiboubeuark. Le gâteau au chocolat avait heureusement été préparé la veille. Truithon, quand tu nous tient.

Si la nuit porte conseil, elle permet surtout de cogiter. J’avais accepté sans réfléchir la proposition de A. Superioio également, mais contrairement à moi, il restait d’un calme à toute épreuve. Je l’enviais vraiment. A se tâtait encore. Il ne savait pas s’il allait le faire. Les allusions pleuvaient au petit déjeuner. La journée allait être terrible. Nono ne se doutait toujours pas du programme, ni que Patapouf, revenu quelques heures plus tôt d’Egypte, avait eu la gentillesse de se taper trois heures de train et nous attendait en gare de Vire, sans son Patachouchou. Pourquoi autant d’appréhension? Tout simplement parce que A avait eu la bonne idée de réserver un créneau pour nous initier au saut à l’élastique. Direction le viaduc de la Souleuvre, situé à une trentaine de kilomètres de Caen. Ce viaduc avait été racheté et aménagé par la société de Aj Hackett, l’un des pionniers du saut à l’élastique. Il était ainsi proposé de se jeter dans le vide du haut d’une plate-forme située à 61 mètres du sol. Et soixante et un mètre de haut, cela représente en gros la taille d’un immeuble de plus de 20 étages.

Avant de plonger, nous devions traverser deux petites passerelles bloblotantes qui donnaient déjà une impression de vertige. Nous devions également passer par la case humiliation (la balance) ou une charmante hôtesse nous expliqua que tout était très simple. Il suffisait juste de se jeter en faisant le saut de l’ange. Oui, vraiment très simple. Nous étions ensuite accueillis par une autre équipe dont le rôle était de nous attacher les pieds. Les mollets et les talons ont tout d’abord été recouverts d’une serviette, puis sanglés et attachés à un petit mousqueton. Nous devions ensuite nous approcher du vide, en fixant l’horizon. Si Nono et Ioio ont été d’un courage exemplaire en se jetant très facilement, j’ai dû m’y prendre à deux fois avant de plonger. J’avais peur de trois choses: du vide bien entendu, que le cordon cède, mais surtout de me casser le dos. L’une des contre-indications était d’avoir une hernie discale. Et j’en avais une. Un peu con le Chondre.

Seulement voila. Ioio et Nono se retrouvaient déjà en bas. Je voyais Nono tout petit sautant comme une puce. J’aurais très certainement regretté d’avoir été autant soumis au stress et au vertige pour rien. L’équipe qui m’entourait a été adorable. J’allais avoir un pic d’adrénaline hors du commun, positiver comme jamais et me souvenir toute ma vie de ce saut. Mes jambes tremblaient et commençaient à tétaniser. Puis vint le tour de mes cuisses, puis de mes petites fesses qui ne pouvaient s’arrêter de trembler. La joyeuse troupe a finalement réussi à me convaincre. L’un des membres m’a même demandé si je souhaitais mettre ma tête dans l’eau. J’ai tout d’abord pensé à une blague pas très amusante. Ce fut très certainement l’un des moments les plus intenses de ma vie. La sensation fut exceptionnelle. Deux ou trois petites secondes, en chute libre, tel un oiseau. Comme annoncé et avec surprise, j’ai touché l’eau au sol. le rebond provoqué par l’élastique fut très doux. Suite à une mauvaise manoeuvre, je me suis mis à tourner pour finir le cul dans une épuisette géante. Ayé, j’avais sauté. Nous étions tous les trois en bas, excités comme jamais et fiers comme Artaban.



L’épreuve avait également été douloureuse pour nos compagnons. Nous avons profité d’une météorologie clémente pour pique-niquer sous le soleil. Nous n’avions cependant pas beaucoup de temps à perdre, A avait réservé deux séances de « Laser Game » à Caen. Nous allions passer près d’une heure à nous tirer dessus, à crier, à hurler, à transpirer et surtout à nous poiler dans un labyrinthe obscure. Fcrankounet s’est révélé être la reine des salopes en se transformant en machine à tuer. Mais c’est B, certainement le plus discret, qui a été élu le roi des flingueurs. Nous sommes ensuite rentrés sur Paris, les yeux pleins d’étoiles. Cela faisait bien longtemps que je n’avais passé deux journées aussi agréables et dépaysantes, entouré de gens vraiment biens. Vivement les 31 ans de Nono. Et quel fantastique organisateur ce A.

Quant à snooze, il a promis qu’il allait sauter une prochaine fois.

Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.