Les fleuristes formaient une assemblée multicolore autour d’une fontaine ensoleillée, au centre d’une petite place ronde, pavée de vielles pierres plates, usées par le temps et les chalands.
Les marchands de roses, d’office, se tenaient aux meilleures places, sous le soleil, bien sûr, afin de donner d’avantage de vie à leurs buissons de fleurs.
Jeanne savait exactement ce qu’elle désirait. Un jaune, aux fleurs délicates, qu’elle planterait au pied du vieux mur. Presque un arbre, d’ailleurs, avec son tronc noueux, aux lignes bien marqués. Cinq rouges flamboyants, hauts sur patte, pour la pelouse. Et trois roses, bien sûr, pour ailleurs, elle ne savait pas encore.
Des blancs ? Lui demandait Julia.
Jeanne faisait la moue. Elle trouvait toujours les rosiers blancs un peu fades, un peu tristes, comme si leur visage décoloré avait trop pleuré. Un rosier se devait d’être fort, dynamique, vainqueur, fier de ses épines et de son feuillage vigoureux. Pour laisser éclater, comme un cri de joie et de victoire, les parfums suaves de ses roses.
Alors que Jeanne se faisait aider par le fleuriste pour emporter toute cette cargaison jusqu’à sa Kangoo, Julia poussa un cri.