Le combat quotidien d’Erwan
Voilà cinq ans qu’Erwan Cadiou souffre de la sclérose en plaques. La maladie l’affaiblit, l’empêche de marcher normalement mais Erwan ne baisse pas les bras. À 39 ans, il se bat au jour le
jour pour garder sa liberté.
« Le verdict est tombé le 18 février 2003. À 16 h 30 précisément. Je m’en souviens parfaitement. Quelques jours avant, j’ai eu très mal à l’œil gauche. Je ne
voyais plus rien. Je suis allé voir mon ophtalmo. Il m’a soigné mais ce n’est pas passé. Il m’a envoyé voir une neurologue. Je me suis dit que cela devait être grave. J’ai demandé à mon ophtalmo
si j’avais une tumeur. Il m’a dit que non ».
« Je ne suis plus le même Erwan qu’avant »
« En fait, j’avais une névrite optique. La neurologue m’a hospitalisé et m’a fait passer une IRM. Lorsqu’elle m’a annoncé le diagnostic, j’étais dans son
bureau. Elle m’a dit : "On n’en meurt pas. Vous êtes atteint de la sclérose en plaques ". J’ai eu l’impression de tomber dans un gouffre. Mais je me suis relevé tout de suite grâce à mon
caractère.
Je n’avais pas le droit de baisser les bras. La première question que je me suis posée, c’est : "Comment je vais l’annoncer à ma mère ? " C’est curieux mais c’est comme ça ». « Je connaissais la
maladie car le père de ma filleule l’a. C’est vrai qu’on n’en meurt pas mais on est quand même meurtri. Je ne suis plus le même Erwan qu’avant. J’ai du mal à marcher, je suis très fatigué, j’ai
des douleurs aux jambes. Et d’année en année, cela s’aggrave. L’an dernier, j’ai fait deux crises suite à un choc émotionnel. Je n’arrivais plus à marcher sans canne. Depuis, ça va un peu mieux
mais marcher reste difficile ».
« Je vis au jour le jour »
« Malgré tout, je me force à faire plein de choses. Je suis conseiller municipal de Trégrom et président de l’Amicale laïque depuis quinze ans. Je suis
célibataire et je n’ai pas d’enfant mais à l’amicale, il y a tous mes copains. C’est ma deuxième famille. J’y ai trouvé mon bonheur. Mon travail aussi est important. Je suis agent administratif à
mi-temps à Louargat. Là-bas, je suis un salarié comme un autre ». « J’aime ma liberté. Ma hantise, c’est de terminer en fauteuil roulant. Le jour où je ne pourrai plus marcher, il vaudra mieux
que je parte pour de bon. C’est dur mais je le pense ». « Heureusement, je suis très entouré. Ma famille et mes amis jouent un rôle très important. Je vis avec cette maladie au quotidien. Ce
n’est pas facile. Cela fait cinq ans que chaque matin en me réveillant je vérifie que je peux bouger mes jambes. Je sais qu’on ne guérit pas de cette saloperie de maladie mais j’y crois. La
recherche avance. J’espère qu’un jour on saura nous soigner ». « Je ne pense pas vraiment à l’avenir. Je vis au jour le jour. J’espère juste qu’on me laissera fêter mes 40 ans. Et puis mes 50 et
mes 60. Oui c’est ça, je veux faire une grosse fête pour mes 40 ans. Le reste... »
Propos recueillis par Dominique Morvan
lu sur Le
Télégramme.com