Dimanche. Lendemain de marché. Julia s’éveilla d’une mauvaise nuit, remplie de cauchemars lancinants, toujours les mêmes. Avant même de s’asseoir à la table du petit déjeuner, elle couru, pieds nus et en chemise de nuit, jusqu’à la serre.
Elle étouffa un pleur. Comme un oiseau mort, son rosier s’était couché sur la terre, immobile, plus mal en point qu’hier. Une feuille, qui avait eu le temps de jaunir dans la nuit, s’était détachée. Elle gisait là, recroquevillée, petite chose triste. Julia prit le pot, et lentement, s’en revint à la cuisine. Jeanne, les cheveux ébouriffés, la regardait d’un drôle d’air.
Nous nous demandions vraiment où tu étais passée.
J’étais à la serre, voir mon petit arbre. Il est bien mal en point. Je n’arrive pas à le sauver. Je suis bien malheureuse, tu sais, maman.
Jeanne servit le petit déjeuner, et elles mangèrent en silence.
Papa est déjà parti travailler à l’usine, lui racontait Jeanne. Il reviendra ce soir. Il t’embrasse.
Julia haussa bien haut les épaules. Mais elle avait pris sa décision. Elle s’habilla rapidement et s’en alla voir Dolorès.
Dolorès n’était pas vraiment bigote, mais elle aimait aller à la messe du dimanche, pour chanter. Elle se raccrochait à ces chants, petits cailloux de son enfance, qui donnaient à son cœur meurtri une source de paix, comme une eau cristalline, vivifiante et l’aidait à tenir, les jours qui suivaient. Elle était arrivée à « La Maison du Bonheur » quelques mois plus tôt, et Julia l’aimait bien.