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Au retour du marché

Publié le 05 octobre 2008 par Unepageparjour

Au retour du marché, pendant que Jeanne bêchait et plantait ses rosiers, Julia s’enquit d’un petit pot de terre cuite pour accueillir son jeune malade. Elle s’en alla dans la grande serre chaude et moite, trouva le récipient qu’il lui semblait nécessaire par la taille, chercha un sac de terreau pour rosier, vérifia sur le paquet la notice d’utilisation, plaça quelques cailloux ronds au fond du pot, versa par-dessus trois pelletées de terre grasse et bien noire, installa la petite branche grise au centre du pot en la maintenant bien droite de sa main gauche, déposa de nouveau de la terre jusqu’au bord du pot, tassa de la paume de ses mains la surface noire et grumeleuse, remit un peu de terreau, arrosa, arrosa beaucoup, arrosa jusqu’à ce que l’eau s’écoule en rivière argentée et chantante à travers les cailloux entassés au fond du pot.

Puis, elle admira son travail, poussant un soupir d’aise, heureuse.

Elle se releva, les poings sur les hanches, dodelinant de la tête, fière de son œuvre.

Hé bien, avec ça, si tu ne vas pas mieux, c’est que je n’y comprendrai rien !

Légère comme un oiseau-lyre, Julia, portant son pot à deux mains, présenta son nouveau complice aux âmes du jardin. Elle le soulevait comme un trophée, une coupe remportée avec gloire, un cadeau du ciel.

Son ami le paresseux, l’œil rond, comme toujours, envisageait la chose avec une certaine dose de perplexité. Il penchait un peu la tête, lentement. Comme si le poids du monde, un moment, se reposait sur ses épaules. Julia s’aperçut que la branchette ne se tenait plus très droit, au centre de son disque de terre noire immaculée. Elle penchait, et plus elle penchait, et plus l’unau hochait sa tête.
Julia s’en revint à la serre, désespérée par l’attitude de ce stupide animal, un rien moqueur, et le déséquilibre de cette tige, qui refusait de se tenir droite.

Mais le soir s’annonçait, par l’avancée de ses lumières sombres dans le lointain. Julia frissonna. L’heure du dîner, déjà ! Sa mère l’appelait, un peu énervée.


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