Place de l'Hotel de Ville, vendredi 26 septembre, un peu avant 19 heures, après la pluie
Sur la non-photo on voit l'estrade préparée pour le Tête-à-Tête de dix neuf heures. En fond pour décor de hautes étagères bourrées de livres. Cela rappelle un peu le plateau de Pivot pour Apostrophes. Sur le podium, trois bergères (fauteuils) vides face au public venu en nombre, avec au pied de chacune un marque-place portant en grosses lettres le nom du futur occupant. A gauche, Pascal Jourdana (l'apostropheur), au milieu Babeth Evrard (qui signe les entretiens de Manosque pour les mal-entendants). Le troisième fauteuil vide à droite, c'est la place d'Annie Ernaux.
Annie lit de longs extraits de son roman, la voix est belle. Malgré qu'elle s'en défende, il y a bien un pont, une boucle, entre et Les années .
[illustration hors-sujet : la maison de nos amis à Reillane]" Une vie, c'est une mémoire " dit-elle. Une disparition, c'est la perte d'une mémoire, de ses contenus. La place, c'était celle du père, son histoire, sa mort. Les années, racontent sa place à elle, la fille. Elles restituent une mémoire, la sienne. Pourtant, Annie dit qu'elle arrête là, qu'elle ne poursuivra pas l'écriture des Années dont elle avait conçu le projet depuis La place, justement. Une préparation sur vingt années pour cet " enregistrement d'une vie ". Mes ce ne sont pas des mémoires. Annie dit qu'elle a écrit Les années avec un sentiment d'urgence sur la fin, quand la maladie et les accidents de la vie ont rendu un terme probable tangible. Pour ce qui reste, Annie Ernaux a d'autres projets.