Elles se prirent la main, la vieille dame et l’enfant, et, après avoir longé le grand mur de pierre de la maison, montèrent la petite rue qui menait à l’église. Julia avait emporté son pot de fleur, après en avoir redressé la tige de rosier, et l’avait déposé à ses pieds, le veillant pendant toute la durée de l’office, comme on garde un grand malade, inquiète, à peine attentive aux mouvements des paroissiens, qui s’asseyaient, se relevaient, chantaient, priaient, payaient, s’agenouillaient. Elle avait beaucoup de mal à suivre le rythme imposé, tout à son affaire.
La messe finie, elle prit son rosier dans ses bras, et s’en vint vers le prêtre, souriant, étonné, de cette petite fille qu’il connaissait, mais qu’il voyait trop peu à son goût.
Monsieur le Curé, toi qui sais comment Jésus a ressuscité Lazare, peux-tu sauver mon rosier ?
Elle lui tendait le pot, encore humide, avec cette pauvre petite branche en son milieu, de plus en plus mal en point.
Mon enfant, les miracles appartiennent aux cœurs des hommes. Mais je peux le bénir.
Le prêtre bénit le petit arbre, l’enfant et la vieille dame.
Elles s’en revinrent alors vers « La Maison du Bonheur », le cœur un peu plus léger que le matin, chacune pour une raison bien différente.