Elle n'avait qu'une envie.

Publié le 06 octobre 2008 par Mbbs

Elle n’avait qu’une envie, s’enfuir et pourtant elle restait là, immobile, la tête basse, les bras sans vie le long du corps, les épaules voutées en une attitude qui donnait, elle le savait, elle le sentait au plus profond d’elle, toute puissance à son adversaire. Pourtant elle ne faisait rien pour se défendre contre cette rafale de reproches injustifiés et négatifs.

Alors que les mots pleuvaient comme des pierres qui font mal à chaque impact, son esprit a fini par s’envoler dans un monde où les autres auraient été gentils avec elle, un monde où sa laideur serait reconnue sans rejet, un monde où sa timidité maladive serait une ouverture à plus de compassion et d’aide, un monde où elle aurait sa place. A ce rêve d’une vie meilleure, son visage s’éclaire et un sourire fleurit, telle une rose s’ouvrant au soleil qui la réchauffe. Elle ferme les yeux et se voit vêtue d’une belle robe en soie verte, chaussée d’escarpins à talons aiguilles mettant en valeur ses jambes qu’elle sait belles, son seul atout avait dit son père. Légère, elle descend l’escalier qui conduit à la cafétéria, faisant ainsi danser le tissu dans un ballet cadencé attirant tous les regards des mâles présents. Les autres femmes ne seraient pas jalouses car elles seraient amies, partageant confidences, espoirs, rêves en se soutenant lors des moments difficiles. Oui, ce serait bien…

- Bon, vous pouvez sortir mais que cela ne se reproduise plus, je ne veux pas avoir d’autres critiques vous concernant.

D’un coup de bâton symbolique, elle reprend douloureusement pied dans la réalité, son beau rêve éclaté comme un ballon que son chef aurait percé d’une aiguille . Elle peut sortir de ce bureau où elle n’a pas sa place, c’est le plus important. Alors qu’elle tourne les talons, son supérieur hiérarchique la rappelle.

- Encore une chose. Vous ne souriez jamais, vous êtes toujours dans votre coin, faites un effort que diable, vos collègues se plaignent de votre manque de collaboration, nous sommes une grande famille ! 

Elle ne dit toujours rien, se contente d’opiner du chef. Il en a de bonnes, faire un effort…comment peut-on sourire dans une...famille pareille ?