Commentaires : 0
On peut donc voir dans ce mot moneo, Mnémosyne déesse de la mémoire et du souvenir.Dans son rôle de Junon-Moneta la déesse excellait en tant que conseillère. Elle savait mettre en garde, elle voyait le futur et c'est ainsi qu'elle avertit à temps la population d'un tremblement de terre imminent.
C'est pourquoi le mot argent abrite inconsciemment des images de souvenir, de conseil, de mise en
garde et le sens d'enseigner et d'instruire par la mémorisation du passé.
On peut voir le fait d'oublier de payer une note ou d'oublier de discuter le prix d'un travail comme faisant partie de la phénoménologie de l'argent avec ses caractéristiques
mnésiques.
Oublier l'argent, ne rien apprendre au sujet de l'argent, ne pas tenir compte des avertissements de
l'argent, c'est oublier Junon c'est oublier la matière, c'est oublier la Mère .
La racine de moneo, MEN, a également donné naissance à des mots comme: mentor, et monitor (moniteur
d'ordinateur).
Mots qui renvoient aussi bien au fait de garder une image en mémoire comme le moniteur
d'ordinateur, qu'à des images de rappel, de mise en garde pour le mentor. Dans ces effets le mentor se réfère à des prophéties, mais on pourrait aussi dire des intuitions .
Ces mêmes intuitions-prophéties qui animent les marchés boursiers et qui vivent de présages et de prédictions.
D'ailleurs les conseillers financiers ont souvent à la bouche des mises en garde, des conseils, des
exhortations.
Junon-Moneta est ici en pleine action!
Vous voyez que nous sommes arrivés à cette relation entre Mère-Mémoire-Argent essentiellement en
étudiant l'étymologie du mot argent.
C'est cette relation étroite entre la Mère-matière et la mémoire qui confère à l'argent un tel
pouvoir.
L'argent est la force de transformation la plus puissante, la plus pratique et la plus réelle. On
peut le transformer en n'importe quoi.
Rien d'autre à part l'argent n'atteint ce champ de possibilités de transformation dans le monde
réel ou dans celui de nos fantasmes! Au sens littéral l'argent symbolise tout.
La vie et l'âme de l'argent se tiennent dans cette potentialité de transformation.
C'est la raison la plus profonde qui explique la fascination qu'exerce l'argent sur la psyché.
Comme pour n'importe quelle quête, celle d'un véritable amour ou d'une vérité, chacun fait l'expérience de cette possibilité de transformation en soi-même lorsqu'il se trouve aux prises avec ce
pouvoir de transformation de l'argent.
Je suppose que c'est pour cela que, lorsque l'on est au fin fond de la dépression on a besoin de
dépenser de l'argent pour se remonter le moral.
Un tel pouvoir de transformation de l'argent est à mon avis à rapprocher du pouvoir de
transformation de ce que JUNG appelle le Soi.
Cet aspect de la psyché qui nous suggère les sentiments d'unité, d'intégrité, de totalité, de réalisation et nous entraîne pour tenter d'y parvenir dans un tumulte d'expériences que l'on pourrait
qualifier d'invraisemblables, tellement elles peuvent échapper à la compréhension du Moi.
On peut donc établir que parler d'argent en dit long sur notre relation au Soi. Cette manière de
parler d'argent est sûrement plus révélatrice qu'une autre manière employée pour tenter de parler de soi-même et de ses objectifs.
Les racines du mot Soi remontent à SEUL, mot qui entre également dans la composition du mot SECRET.
Ce qui peut montrer à quel point nous restons secrets quand il s'agit de l'argent.
Le fait que l'argent et ses images de transformation possible revête une telle importance nous
oblige à nous demander à quelle obligation éthique il appartient.
Ne pas comprendre à quelle obligation éthique appartient notre relation à l'argent nous impose une vie douloureusement fragmentaire.
Ce phénomène s'il n'est pas pris en compte pourrait être responsable de cette inflation de la
psyché: toujours plus d'argent pour toujours plus de transformation possible...
Les images d'argent et notre manière d'être avec l'argent dans notre pratique et dans notre vie
quotidienne ne peuvent échapper à ce lien éthique.
Ce travail peut nous montrer que le but profond du secret n'est pas de recouvrir ce que le Moi
désire cacher, mais de mettre le Moi en liaison avec le Soi, avec ce besoin de transformation, et d'apprendre à satisfaire ainsi en secret ses obligations
éthiques.
Ceci ne se révèle pas par des discours sur l'argent mais plutôt sur ce que nous en
faisons.
Cette relation au Soi nous lie en une communauté. C'est ce que chacun d'entre nous se promet
d'obtenir pour lui-même et pour ceux qui lui sont liés, qui peut révéler beaucoup de choses sur nos nécessités intérieures.
Ce que nous faisons des fruits de notre travail nous en dit long sur nos objectifs
secrets.
Le fait de consacrer sa vie à faire de l'argent et à exercer la puissance qu'il donne peut indiquer
que notre " coffre intérieur " est vide. Que l'on a du mal à expérimenter le sens des valeurs intérieures.
Le vide intérieur est compensé par une inflation extérieure. Une augmentation excessive d'idées
destinées à toujours trouver le moyen de faire plus d'argent.
La racine indo-européenne de vide est med qui veut dire: " prendre des mesures appropriées ".
Un mot latin issu de cette racine: mederi veut dire: " surveiller, guérir, traiter ".
Il peut sembler bizarre qu'un mot tel que " vide " appartienne au même nid de mots que ceux qui
signifient " guérir ", " traiter "...
Le remède à cette inflation extérieure se trouverait donc là, dans ce "vide " intérieur
!
On peut aborder le travail fait sur l'âme dans les cabinets de consultation psychothérapeutique.
Avec ce que l'on a vu précédemment, argent et transformation paraissent intimement liés.
Cet argent consacre le travail. il peut être perçu comme une offrande. Une chose acceptée comme
faisant partie d'un rituel sacré et destiné à être utilisé à des fins sacrées. L'argent donné par le patient est quelque chose de l'ordre du prix de l'initiation aux mystères du Soi.
Pour le thérapeute il entre dans le cadre de son éthique personnelle et contribue en partie à renouveler sa propre transformation.
Je crois que ce qui manque le plus dans notre relation à l'argent est cette " obligation éthique "
dont je parlais tout à l'heure.
Qu'avons nous besoin de réaliser en nous-même qui nous incite à adopter telle ou telle attitude vis
à vis de l'argent?
Je pense que ça peut être une bonne question.
Pour nous inciter à nous poser cette question l'argent prend de plus en plus une forme " virtuelle
". (Virtus: force). De monnaie métal et papier l'argent devient monnaie électronique.
On ne l'a plus sur soi; il est "quelque part", et pour l'actualiser il nous faut connaître des " codes secrets ". Ceci renvoie au " secret "mentionné tout à l'heure qui nous renvoie dans les
profondeurs de notre âme afin d'y découvrir ce que nous avons vraiment à réaliser de " sacré ".
Sans réponse nous continuerons à courir après quelque chose... qui se trouve en
nous!
Et nous continuerons à être " possédé" et halluciné par le fantastique pouvoir de l'argent, sans pouvoir nous transformer.
...Et vous que pensez-vous de l'argent...??
Voilà donc . . . ,alors, vous serez indulgente...et vous aussi, lectrice et lecteurs !
C'est donc comme un défi que j'ai accepté cette situation parce qu'en même temps elle me permettait de renouer avec un moment de mon enfance où j'avais eu l'intuition d'une monnaie universelle que je voyais sous la forme d'une carte, que j 'appelais " la carte universelle ".