Magazine Humeur

Demain les chiens

Publié le 06 octobre 2008 par Maldoror

Je me souviens avoir lu cet excellent roman d'anticipation de Clifford Donald Simak. Le monde était peuplé par les chiens, et ces derniers se racontaient des histoires au coin du feu, dans lesquelles, on évoquait l'existence d'humains, dans un temps très lointain. Les chiens étaient civilisés, éduqués, intelligents, et parlants.

Demain, les chiens ? Non, c'est aujourd'hui. Nous, peuple, populace, sommes des chiens. Comme des chiens, nous lêchons en frétillant et en remuant la queue, la main du maître, en mendiant un morceau du gras de canard qu'il n'a pas voulu finir, et qu'il nous jette à terre, dans un mouvement de dédain, sans même nous regarder, persuadé qu'il est, ce maître, que nous allons nous jeter sur le détritus pour le dévorer en le remerciant de nos yeux humides.

Nous, peuple, regardons nos maîtres, les gouvernants, les patrons, les banquiers, les financiers, les traders (j'y reviendrai, à ceux-là), s'empiffrer autour de la table, faire bonne chair, rire bien gras et fumer force cigares en tapotant le cul de leurs femmes dociles, chiennes qui mendient, non de la nourriture, mais des sacs à main et un peu de lumière, pour faire briller  leurs joues trop fardées de créatures vaines et stériles.

Nous, peuple, regardons nos maîtres jouer avec notre argent, comme Chaplin jouait avec sa mappemonde dans "Le Dictateur", et lorsque le maître, affolé, se rend compte qu'il a mal joué, et que la mappemonde a crevé, et qu'il nous supplie de ne pas lui réclamer l'argent que nous lui avons confié, nous acceptons, encore confiants, les yeux toujours humides, nous levons nos bons yeux confiants vers le visage noyé de sueur du Maître, et nous obéissons. Heureusement, que nous, peuple, obéissons à notre Maître, parce que si nous lui réclamions, tous en même temps, l'argent que nous lui avions confié, il serait dans l'incapacité de nous le rendre.

Rappelez-vous, les caisses vides. Comment nous, peuple, pouvons-nous imaginer une seconde qu'un Etat aux caisses vides, qui est contraint de taxer les assurances-vies pour financer le RSA, va pouvoir garantir à chaque épargnant Français la somme minimale de 70000 € ?

Clifford Donald Simak avait imaginé un monde de chiens, sans hommes. Il avait tort : il reste encore des hommes, pour promener les chiens, les tenir en laisse, et leur jeter les reliefs de ses repas de riche.

Allons, peuple, allons travailler plus pour gagner plus, allons sagement au travail demain matin, comme hier, puis rentrons gentiment, demain soir, à la niche. Le Maître veille sur notre avenir, ayons confiance, et gardons les yeux bien humides.

A moins que, parmi la meute, ne se trouvent quelques pit-bull, qui se décident, un jour, à mordre violemment la main qui leur flatte l'échine ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Maldoror 2485 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Ses derniers articles

Magazine