Magazine Journal intime

Une journée de grève est-elle une journée comme les autres ?

Publié le 07 octobre 2008 par Anaïs Valente

Hier, j'ai grèvé.  Oooh, n'allez rien imaginer.  N'allez pas me féliciter de prendre à cœur l'avenir de mon pays.  N'allez pas me blâmer d'avoir bloqué l'économie une journée entière.

J'ai grèvé à ma façon : j'ai pris congé.  Un peu par hasard, passque j'avais besoin de repos après avoir terminé (enfin, mettez des cierges, lancez des pétards) mon manuscrit, passque les bus seraient peu nombreux, passqu'il me reste des jours de congé à prendre et passque j'ai plein de K7 vidéo enregistrées durant le FIFF à mater.  Donc pas de réelle grève, juste une grève privée sur canapé.  De toute façon, là oùsque je bosse, faire grève est synonyme de C4 immédiat.

Alors, je vous vois venir avec vos questions : ça fait quoi de grèver une journée.

Et bien je vais vous le dire (zêtes contentes hein).

Comme je faisais grève, je suis allée faire dodo très très tard.  Je m'apprêtais à regarder Lipstick Jungle ou Beverly Hills new version (j'adoooore déjà, retrouver Kelly, Brenda, Nat et le Peach Pit, argh, que de souvenirs), lorsque je suis tombée sur Controverse.  Pour les non belges, il s'agit d'une émission de débat sur la politique.  Enfin, je pense, passque je ne regarde jamais.  Mais là, ça traitait de la crise bancaire et de la crise tout court, alors j'ai regardé.  A la place de Lipstick Jungle ou de Beverly Hills.  Et c'était pas joli joli.  Entre ce namurois qui n'est pas sûr de récupérer ses 86.000 eur placés presque à son insu dans la banque américaine qui n'a pas fait faillite encore même si la rumeur court, ce responsable de test achats qui lutte depuis belle lurette plur plus de transparence, cette responsable de la commission de contrôle bancaire qui va examiner chaque cas individuellement (ça prendra trois cents ans) et ces banques qui ont toutes refusé de venir sur le plateau, les courageuses, ça fait peur.

Puis je me suis endormie.

Pour me réveiller à 9 heures, ravie de ma grasse mat, qui a toujours plus de saveur un lundi.  Un peu de glandouille devant la TV, journal de RTL, qui confirme le rachat de FORTIS par BNP Paribas et patati et patata.

J'ai vaqué à quelques occupations passionnantes : faire la lessive, écrire mes articles sérieux en ressources humaines qui confirment que tout va mal, répondre à quelques mails, somnoler en déjeunant, ou déjeuner en somnolant.  Et pif paf pouf, il était 13 heures.

J'ai mis le journal.  Rebelotte sur la crise bancaire et ses conséquences, les responsables qui quittent les banques avec des millions d'euros en « cadeau » et patati et patata.  Puis la grève nationale, le vrai foutoir, les revendications, l'avenir du pays, qui n'a même plus un gouvernement potable, le budget 2009 toujours pas déterminé mais pas de surprise, ce qu'on nous offrira d'un côté on le reprendra ailleurs et patati et patata.  Puis le coût de la vie qui augmente et le pouvoir d'achat qui diminue, et l'électricité qui a augmenté de 20 %, et le gaz de 50 %, et le mazout de 59 % (argh, vite, mettre un plaid, baisser le chauffage, allumer une bougie), et patati et patata. 

J'éteins la TV avant que le journal n'aborde les faits divers, ce carolo tué après un match de foot, et tout ce que je ne sais pas et que je ne veux pas savoir.

Je décide de surfer un peu sur le net.  Sur les blogs skynet.  Le blog officiel m'invite à aller visiter un nouveau blog, tenu par un employé Fortis.  Et c'est reparti pour un tour.

Le soir venu, après la quotidienne de la Star Ac, je me plonge à nouveau dans le journal, afin de voir et d'entendre Sarkozy sauver la Belgique... Keskon dit à Sarkozy ?

Verdict de ma journée de grève : c'est le foutoir dans ma banque mais mon épargne sera épargnée, c'est le foutoir dans les rues mais je n'y étais pas, c'est le foutoir dans mes factures de gaz mais je n'ai pas le choix, c'est le foutoir dans mon pays et ça commence à me faire trembler d'effroi.

Vivement demain que j'aille bosser !

PS : et vous, grève ou pas grève ?

Illu issue de Ptitbordel.

morne1



Retour à La Une de Logo Paperblog