L’éclusier murmure : où sont les fruits ? mais personne ne prend la parole, nous continuons d’avancer dans le calme, dociles, et chaque marcheur transporte sur les bras une personne aimée endormie, et pour ceux qui n’ont aucune affection un livre ouvert en son milieu. C’est silencieux: alentour les prés humides sont pleins de ruminants qu’on distingue dans la brume. Un instant on respire une bouffée de tabac ; Lucien fume, assis sur un tabouret, il se repose au bout d’une ligne de haricots, sa fille en robe bleue nous regarde ; je vois que sa valise aussi est lourde.