Magazine Journal intime

Forum de Libération : des « débats » sous haute surveillance

Publié le 20 septembre 2008 par Alainlecomte

forum-libe.1221940749.jpg

Autant l’an dernier, j’avais manifesté un enthousiasme naïf pour le premier forum de Libé, tenu à Grenoble (à la MC2), autant cette année…. J’éprouve un malaise. Deux constatations d’abord :

1- d’abord une présence policière impressionnante aux abords de la MC2. On me dira : bon, il faut bien assurer la sécurité des invités (des ministres, des secrétaires d’état, des responsables de l’opposition), mais il n’y a pas que ça, ou alors dirais-je c’est le bon prétexte… De qui a-t-on peur ? de quoi a-t-on peur ? On peut le dire ouvertement : Grenoble est une ville où se maintient une opposition radicale assez forte. On l’a vu au moment du lancement de Minatec (la firme/programme qui coordonne les industries nanotechnologiques), qui s’est quand même soldé par plusieurs blessés, dont un gravement à l’œil. On l’a vu aux Municipales où Destot n’a pas obtenu 50% au deuxième tour, contesté qu’il a été par la liste écolo + extrême gauche(réussissant à obtenir 25%), laquelle l’attaquait principalement sur le Stade, et sur le pharaonique projet de rocade souterraine. On le voit aussi presque quotidiennement avec les envois par email du groupe quasi clandestin PMO (Pièces et mains d’œuvre) qui s’en prend à la politique de soutien inconditionnel aux industries bio- et nano-technologiques qui s’établissent dans la région.

2- ensuite, une tendance de plus en plus manifeste au consensus. Débat vous avez dit ? J’assistais hier à la « confrontation » entre Michel Destot, maire de Grenoble (PS, soutien de Delanoë) et (le chef de cabinet de) Valérie Pécresse sur un sujet qui m’intéresse au premier chef (étant universitaire) : « la France peut-elle combler son retard en matière d’enseignement supérieur ? ». Inutile de dire que j’ai été très déçu. Les deux participants étaient étonnamment complices : et que je te passe de la pommade par ci, et que je te remercie chaleureusement par là. Pensez ! Grenoble a été élu parmi les dix villes bénéficiant du fameux « plan campus ». On a vu des ralliements politiques pour moins que ça. Il faut tout de même rappeler à ces messieurs qu’il y a à peine six mois, les universités étaient en grève contre la LRU, le campus de Grenoble était à feu et à sang (le directeur de l’Institut d’Etudes Politiques avait pété les plombs, ce qui n’a pas été trop ébruité, se saisissant d’un panneau de travaux publics pour agresser des étudiants grévistes). On pouvait évidemment penser ce que l’on voulait de ce mouvement (je me suis exprimé en son temps sur ce blog à ce sujet) mais on ne saurait nier que ce mouvement a existé, eh bien… c’est vraiment comme s’il n’avait jamais existé ! La situation de l’enseignement supérieur en France aujourd’hui ? mais voyons, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, puisque Grenoble a été élu pour le plan campus ! Le budget va parait-il augmenter dans des proportions remarquables (même si dans le même temps on supprime 900 postes, mais ce n’est rien voyons, tout n’est qu’illusion). Actuellement, l’état dépense 6000 euros par étudiant et par an, contre une moyenne de 12000 euros au sein de l’OCDE, le représentant du gouvernement corrige : non, 7000, et l’an prochain 7500. Destot trouve ça formidable (la France est le seul pays d’Europe où ce que l’on dépense pour un lycéen est (nettement) plus important que ce que l’on dépense pour un étudiant, Destot lui-même ajoute que ce qu’une municipalité comme Grenoble dépense pour un bébé en crèche est de 18000 euros par an, pour donner une idée…).


Retour à La Une de Logo Paperblog