Le grand embouteillage

Ils n’ont vraiment pas de chances ces pauvres constructeurs automobiles. Depuis 11 mois, ils attendent le Graal du Mondial de l’Auto. Et patatras, voilà-t-y pas que la planète finances leur vole la vedette et transforme leurs projets en autant de chimères. Il va bientôt falloir que nous légiférions pour octroyer à certains gros véhicules rutilants le statut de monument historique vivant à préserver, comme le font les Japonais de certains de leurs lutteurs de sumo.

Je ne prends pas les choses à la légère. Mais je pense qu’en toute chose malheur peut être bon, et que la grande déprime boursière que nous traversons va peut-être nous ramener à un peu de raison.
Je l’avais écrit ici même il y a peu : on aime ou on aime pas le libéralisme, mais nous devons vivre avec. Et il est comme ça, il prospère, se boursoufle et explose comme une baudruche. Ensuite, consciencieusement, nous allons le regonfler, lui donner belle allure, comme le faisaient jadis les Shadoks.

On peut toujours rêver, et imaginer, à défaut de cauchemarder, que la récession va nous aider à réfléchir à notre mode de vie , et que nous allons pouvoir donner un peu plus de sens au mot “durable”. Imaginons une ville où l’on redonne sa place au piéton, où les enfants puissent courir dans la rue, où l’on va faire ses courses à pied, profitant de quelques saluts que nous adressent nos voisins, où l’on ne règle plus tous nos soucis avec une carte bleue, une prise d’électricité et un moteur à explosion.

En 1968, j’avais 18 ans, et nous proclamions : “Soyons réalistes, demandons l’impossible“