Magazine Journal intime

Ugly Delhi ?

Publié le 10 octobre 2008 par Alainlecomte

Voici la dernière évocation de ce voyage en Inde d’il y a maintenant un mois… Hommage indirect à JMG qui, bien que n’ayant pas écrit à proprement parler sur l’Inde, a évoqué les îlesde l’Océan Indien, et par qui j’ai découvert ce beau roman écrit par une Mauricienne (Ananda Devi) « IndianTango ».

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Arrivée à Delhi : le thermomètre a tout à coup bondi d’une vingtaine de degrés. Retrouvailles avec l’atmosphère de l’Inde des plaines : harassés de chaleur et d’attente, les conducteurs de rickshaws et de taxis sont affalés sur leurs sièges sous des arbres tropicaux au sommet desquels s’épanouissent de brillantes fleurs orange, les flamboyants. Les grands corbeaux naviguent dans les airs en élisant leurs ports-étapes parmi ces feuillages.
Embouteillage monstre sur la voie rapide. Les vélos et rickshaws d’antan sont progressivement remplacés par des essaims de petites voitures (Maruti Suzuki, Tata…).
Nous logeons à Sunder Nagar. Plus calme quand même que Paharganj. Avec un jardin devant la maison et de grands palmiers nous faisant un peu d’ombre pour un breakfast tardif.
Sunder Nagar est connu pour son marché des antiquaires (boutiques-grottes d’Ali Baba fourmillant de Ganesh) et aussi pour sa pâtisserie, spécialisée dans les kulfis et ces petites sucreries roses ou bleu pale parfois recouvertes d’une fine pellicule dorée ou argentée (dont je raffole, bien entendu).
Quartier de luxe, du moins donné pour tel car cette notion de « quartier de luxe » m’a toujours surpris à Delhi : on s’attendrait à trouver des boutiques rutilantes arborant les écussons de prestige des grandes marques occidentales, en fait les façades s’effritent et se racornissent sous les coulées noires de moisissure, les lourds climatiseurs les plombent de verrues métalliques et rouillées qui vrombissent un boucan d’enfer pendant que les corbeaux, encore eux, mais cette fois mélancoliques, viennent picorer à leur porte les déchets d’un maigre repas.
Delhi n’est pas belle (d’où « Ugly Delhi »), Delhi n’est pas une ville, c’est un réseau de villages séparés par des bouquets d’arbres touffus et des autoroutes intraversables. Récemment « The Times of India » publiait une série de dessins humoristiques rapportant ce que Delhi sera quand la Nano l’envahira. Elle mettait en scène deux habitants, appelons-les M. Kumar et M. Tashoor : ils étaient voisins mais habitaient chacun d’un côté d’une avenue. Résultat : depuis vingt ans, ils n’avaient pu que se saluer de leurs balcons, car la traversée était impossible. Mais ils se réjouissaient car avec l’arrivée de la Nano, quand la circulation serait vraiment bloquée, ouf, enfin, il allait être possible de traverser en slalomant entre les voitures immobiles !

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Quartiers de Delhi sud, oasis de bruits au milieu des grands parcs, Defense Colony, où l’on peut trouver un excellent restaurant de poissons qui sert des spécialités de Mangalore, Hauz Khas village, près de l’antique citerne et de la tombe de Firoz Shah Tughluq, qui régna sur Delhi au 14ème siècle, avec son restaurant de spécialités du sud (délicieux thalis, boissons à base de noix de coco, évidemment pas d’alcool) et puis pour le repos les grands jardins de Lodi, pleins de tombes mogholes aux pierres bleues et roses…

Mon amour de l’Inde me fait passer au second plan les embarras de la circulation, le bruit infernal des deux-temps des auto-rickshaws, la chaleur étouffante, la laideur de Connaught Circus et le harcèlement (léger…) des rickshawallas…

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