Il y a quelques jours, chéri et moi étions à défaire un petit lot de cartons de déménagement. Nous avons emménagé il y a quelques mois déjà, mais semble-t-il qu’un 5 et demi ne soit pas assez spacieux pour un homme, une femme, quatre chats et… beaucoup de chaussures. C’est ainsi qu’à certains égards, notre appartement a encore des airs de zone sinistrée auxquels nous tentons de remédier tant bien que mal.
En apercevant une (énième) boîte sur laquelle étaient fièrement apposées les lettres S-O-U-L-I-E-R-S, chéri s’est écrié, sur un ton des plus affligés:
- C’est quoi, ÇA??
- Ben, une boîte de souliers.
- Tu veux dire “ENCORE une boîte de souliers”.
Ben oui, quoi. Je suis une fille fille, comme l’a affirmé une des amies de ma mère, lors d’une conversation à ce sujet. Et en tant que fifille assumée, rien de plus normal que de posséder des fringues à ne plus savoir quoi en faire, des souliers pour une armée complète de fashionistas anonymes, du maquillage en quantité suffisante pour peinturlurer le visage de tous les acrobates du Cirque du Soleil et suffisamment de produits capillaires pour approvisionner tous les salons de coiffures avoisinants. Et, en plus d’appartenir à la catégorie girly dans l’âme, je suis une figure de proue chez les girlies intellectuelles de moins de 62 kilos dans un combat opposant gloss rose bonbon et essai philosophique de Sartre (un heureux mélange!). En d’autres termes, mon logement contient pratiquement autant de livres, vestiges universitaires et autres objets cérébraux.
Pour les souliers, je peux me justifier en invoquant la génétique: ma chère maman possède quantités de chaussures et elle a même trouvé le moyen de m’en subtiliser une paire ou deux. Alors forcément, il fallait s’attendre à ce que je suive ses traces.
La morale de cette histoire: tout homme qui voudra s’interposer entre mes chaussures et moi mérite le pire des sévices. J’hésite entre lui empêcher de visionner Naruto et lui interdire de savourer mon fameux pain aux bananes.
Les remontrances de chéri ne m’ont d’ailleurs pas empêchée de me procurer cette chic paire de chaussures en début de semaine.
Messieurs, je vous prie donc de rajouter ce commandement à votre liste de décrets incontournables si vous désirez vivre heureux en couple jusqu’à la fin de votre existence: les chaussures de chérie, tu ne dénigreras (même si la quantité exponentielle des babouches de votre douce moitié a de quoi alarmer votre conscience de simpliste volontaire). Amen!