Les cheveux blancs seraient apparemment synonymes de sagesse.
Et si je n’avais pas envie de devenir sage?
Hier, j’ai aperçu un court cheveu se démarquant très nettement du reste de ma tignasse. Pâle. Trop pâle. Blanc. Trop blanc. Mon premier cheveu blanc. Droit, en plein centre, comme pour me narguer malicieusement.
Mon coeur a dû cesser de battre un instant. Mes cheveux ont toujours été un élément à part entière de ma personnalité. Comme si, à eux seuls, ils avaient une âme, une quelconque forme d’autonomie ou une réelle individualité. Cette macabre découverte capillaire a eu l’effet d’une bombe. J’ai réalisé que ma crinière, comme l’ensemble de mon corps, allait vieillir. Tout mon entourage s’est fait rassurant. Beaucoup ont eu des cheveux blancs dès le début de la vingtaine (et ma soeur, dès sa dix-neuvième année), alors pourquoi suis-je si traumatisée?
Pourquoi? Hum. J’ai depuis toujours cette relation amour-haine avec la masse capillaire qui délimite l’extrémité supérieure de mon enveloppe corporelle (ce qui est d’ailleurs le cas d’une large proportion de frisées de ce bas-monde). De nature plutôt introvertie, je me suis souvent extériorisée via mes cheveux. Ma crinière est en quelque sorte un mode d’expression. Les gens ne peuvent pas comprendre. Ce n’est pas qu’un vulgaire cheveu, c’est toute une partie de moi qui a pris une sacrée mornifle.