Magazine Journal intime

Scène de vie aux urgences.

Publié le 12 octobre 2008 par Dan
Scène de vie aux urgences.Mardi matin, 16h moins quelque chose. Je me rends à la fac de médecine, comme maintenant plusieurs mois. Je sors de ma résidence à pied et je n'ai qu'a longer la rue principale sur une centaine de mètres, avant d'arriver dans l'antre du savoir.

Le ciel est gris. Je me dépêche car j'ai la désagréable crainte qu'une goutte d'eau me tombe sur le coin du nez. J'hâte le pas.
1m86, ça aide! J'arrive enfin devant la faculté.

Elle est entourée d'une barrière métallique et ne possède qu'une entrée pour les piétons. Ma résidence est situé à l'arrière de l'établissement. Autrement dit,  soit je fais tout le tour d'une faculté qui fait plusieurs hectares pour passer par la porte officielle, soit, je passe par ce petit trou dans la barrière, que j'ai remarqué la veille. Je diminue ainsi considérablement mon trajet.
J'opte sans trop hésiter pour la deuxième solution. Me voilà, avec mon sac à dos, me faufilant dans le trou de la barrière. Je remarque que l'endroit est très fréquenté. Plus d'herbes au sol. Vélos attachés à la barrière à côté de ce trou...Je ne suis pas le seul à l'avoir repéré.

Tout mon corps passe sans encombre, mon sac aussi et au moment où c'est à ma tête de passer, je me cogne sur le haut de la barrière. "Aïe!!!" Instinctivement, je met ma main et je frotte mon crâne endolori. Je n'ai pas tapé fort mais ça me pique un peu. Je regarde ma main et je la vois...... toute rouge! Du sang!! Du sang partout!! Je commence à le sentir couler sur mon front. Je viens de m'ouvrir le cuir chevelu.

Comme un vieux réflexe, je penche ma tête en avant. Je vois alors une goutte tomber de mon front puis deux, puis trois c'est enfin un filet de sang continu qui s'écoule par terre.

Une petite flaque ne tarde pas à se constituer. Je m'avance alors dans la fac car je comprends vite que là, j'ai besoin d'aide. Et puis entre nous, si je ne trouve pas d'aide dans la fac de médecine, où en trouver? Je croise un étudiant. Il s'arrête et me regarde. Il comprend vite la situation sans que je n'ai à lui explique quoique ce soit. Il me donne un tee-shirt propre pour que je comprime la plaie sur ma tête et me dit qu'il m'emmène de suite aux urgences. Il est garé devant la fac.

Ni une, ni deux, nous voilà parti aux urgences. Je m'excuse pendant le trajet pour le sang qui coule dans sa voiture. Il me répond de ne pas m'inquiéter et que ce n'est rien. Je perds pas mal de sang. Un cuir chevelu, ça saigne!

On passe aux urgences directement par l'entrée du Samu. Une dame vient vers moi et me demande ce qu'il s'est passé. Je lui explique rapidement la situation et à ma plus grande surprise, elle me répond:


- Vous avez votre carte vitale et votre carte de mutuelle?

Je pense alors qu'elle n'a pas bien saisit l'urgence de la situation. D'un naturel impulsif, je m'emporte illico et lui répond:
- Non mais sincèrement, vous croyez vraiment que c'est ma priorité là?

Joignant les gestes à la paroles, j'enlève la compression que j'effectuais sur mon crâne. Je lui montre alors un tee-shirt complètement imbibé de sang et, alors que je penche ma tête en avant pour lui montrer l'ouverture de mon crâne, le sang se met à gicler sur son bureau et se met à couler en filet sur ses papiers.

Elle s'est alors levée promptement et m'a dit:
- Vite !!!! Passez en salle de suture, j'avertis l'interne!!!!

Quelques secondes plus tard, me voilà couché sur la table de suture. L'interne arrive et sans me dire "bonjour", commence à regarder les dégâts sur mon crâne. "Il faut mettre des agrafes" me dit-il. Pas de problème, allons-y. Le seul soucis, c'est qu'il n'a plus d'agrafeuse.

Mais, mon interne, roi du système D, demande à son collègue qui suture quelqu'un d'autre a côté de moi si sur sa table, il se sert de son agrafeuse. "Non, non" lui dit-il. Il n'en fallait pas davantage pour que l'agrafeuse, préparée pour le monsieur d'à côté, finisse sur ma tête.

Me voilà suturé à vif. Au début ça fait mal, à la fin, on ne sent plus rien. Peut-être parce que je commence à avoir la tête qui tourne, peut-être que je ne sens plus la douleur parce que je ne me sens pas bien...

L'interne voit que je suis à la limite de tomber dans les pommes. Il me dit "C'est bon j'ai fini, restez un peu couché et pensez à vous laver le visage avant de partir, au lavabo que vous avez en face"

Je suis resté couché peut-être que 5 minutes et je me suis levé pour aller me rincer le visage. Au-dessus du lavabo, une glace. Je me regarde. Je me vois pour la première fois depuis l'incident. J'ai le visage rouge sang. Le sang à coagulé partout. Je me suis rincé pendant bien 10 minutes avant de pouvoir tout faire partir.

Je suis ensuite ressorti de la salle de suture et je suis revenu à l'accueil. Cherchant du regard la personne qui m'avait
déposée aux urgences. Je me retrouve alors nez-à-nez avec la dame qui m'a accueilli. Elle me dit que la personne est partie et que je n'ai qu'a rentrer chez moi, elle m'enverra la facture à la maison.

Il est 22h. Il fait nuit. Il fait froid car nous sommes en hiver. Je sors de l'hôpital. Je suis seul. J'ai mal au crâne. J'ai du sang sur mes vêtements. Je n'ai aucun moyen de transport. Je ne connais encore personne dans cette ville, qui pourrait me ramener chez mois. Je met alors mon sac sur mon dos, mon nez dans mon col et je décide de rentrer à pied. 2km. C'est long quand on a la tête qui tourne.

Arrivé chez moi tant bien que mal, je me suis allongé direct. Je n'ai pas mangé. J'ai dormi... jusqu'au lendemain où j'ai pu prendre une bonne douche...

Scène de vie aux urgences.A lire aussi:
Le resto' de la mort: Partie 1!
Le resto' de la mort: Partie 2!
Le resto' de la mort: Partie 3...et fin!!


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