Mon cher Victor,
Tu es assis ? Oui mais... Que se passe-t-il ? Bon. Alors... Tu as l'air toute embarassée
! Un peu, oui. Mais enfin, qu'est-ce qu'il y a ?! Tu m'inquiètes, jeune fille ! A partir d'aujourd'hui, je ne viendrai plus discuter avec
toi, Victor. Quoi ? Ne me regarde pas ainsi, je culpabilise déjà assez comme ça. Mais... Ecoute...
Ca fait deux ans que nous conversons, et je t'adore, tu le sais. Justement, justement ! On ne peut pas tirer une croix sur deux ans d'amitié fidèle comme
ça, sans crier gare ! Si. Comme tu le sais, ma vie n'est plus la même depuis quelques temps et il y a des évènements dont je ne veux pas parler avec toi ici, pour des raisons
personnelles. Mais... Tu ne peux pas me faire ça ! Si, je peux. La preuve. On est tous capable de laisser des gens qu'on a aimés au bord de la
route.
Je ne veux pas faire d'erreurs. Je veux m'écouter moi, d'abord, et il s'avère que j'éprouve le besoin de garder certains aspects de ma vie pour moi. Parce que ça me regarde et que je
ne veux pas les partager, c'est trop fragile. Mais... Oui, je sais, c'est soudain. Je vais te planter là, à ta table, tout seul comme un idiot
alors que tu pensais entamer une nouvelle conversation, amicale et enthousiaste... Mais je ne changerai pas d'avis. Reviendras-tu au moins ? Je ne sais
pas. Tu reviendras, forcément... Tu aimes trop écrire ! Nous verrons bien. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il faut que je coupe les ponts avec
toi pendant un certain temps. Je ne peux plus discuter avec comme je le faisais
avant, parce que ce "avant" n'a plus de sens pour moi, parce que je ne suis plus la même personne. Tu comprends ? Hem... J'essaie, tout du moins ! Mais
j'avoue en rester comme deux ronds de flan ! Tu vas t'en remettre ? Il faut bien ! Enfin j'ai quand même l'impression d'avoir été pris pour un
imbécile, ce qui est très désagréable ! Tu verras, on oublie tout. Tout s'oublie.
Je ne sais pas quand je reviendrai. Je ne sais même pas si je reviendrai. Tout ce que je sais, c'est qu'en ce moment, je n'ai plus très envie de parler avec toi. Mais... Qu'est-ce que j'ai fait ? Rien du tout ! Toi, tu es parfait, comme d'habitude ! C'est moi. Je suis en train de changer. Au cas où un jour, tu
trouverais la porte de notre bar close, et notre table obstinément vide, sache que j'ai beaucoup aimé bavarder avec toi. Ah... C'est toujours bon à savoir
mais ça sonne un peu comme "un adieu"... N'y pense pas. Et ne me regarde pas comme ça, s'il te plaît, je m'en veux déjà assez de te laisser en
plan... Humm...
Tu n'es pas trop fâché, Victor ? Non. Parce que je te connais et que je sais que tu reviendras, quoi que tu en dises.
Tu aimes trop écrire. Tu es faite pour ça. J'en doute. Essaie de ne pas te faire d'idées. Ne m'attends pas, ça n'en vaut pas le coup... Bref. Hem... On s'embrasse alors ?... Si
tu ne fais pas la tête, évidemment ! Oui, bien sûr... Allez, viens un peu par là que je te claque un baiser ! Petite andouille, va, tu m'auras tout fait, toi
!