Ami lecteur, amie lectrice,
Aujourd'hui j'ai bien envie de participer à ton édification, parce que je n'ai que ça à faire de la matinée (la douche est momentanément exclue de mon programme pour cause de pénurie d'eau chaude).
Aujourd'hui donc, nous allons parler d'ego.
Je t'en prie, ne t'y trompe pas.
Car de nos jours, pour être véritablement heureux, épanoui, bien dans ses baskets et détendu du téton (ou du gland, je suis pas sectaire), on ne compte plus sur sa femme, son mec, ses mômes, son boulot, ses potes , une bière bien frâiche et le dernier film de Rob Zombie (ou de Besson, quand on est un grand naïf ou un con).
Non.
Aujourd'hui, pour être en mesure d'affirmer qu'on a atteint le seuil qui sépare le simple bien-être (sentiment basique réservé au commun des mortels) de l'épanouissement personnel qui confine à l'orgasme permanent (expérience mystique que n'atteignent que peu d'élus), il faut avoir un blog.
Et pas n'importe quel blog, mon bon lecteur.
Un blog avec, dessus, tout ça (au minimum):
Un blog qui déchire sa race.
Qui soit classé dans le haut du panier.
Un blog dont on puisse chatouiller le bouton Wikio à loisir, et dont l'auteur ait au moins sa fiche complète sur Fesse-Bouc, voire carrément des groupies réunies en comités virtuels et entièrement dévouées à sa cause, chantant ses louanges et tressant ses lauriers sur tous les flux RSS de la planète.
Alors sois bon, sois grand, capitalise pour ton entrée au Paradis et lustre ton karma dans le sens du poil (qu'il a long et soyeux).
Participe à la chaîne d'amitié lancée par Nahimage et destinée à tous les petits blogs de merde comme celui-ci, qui n'auront jamais les honneurs de la grande presse et des éditeurs contrairement à Versac, Presse-Machin ou Embruns (qui sont aux blogs ce que Jean-Pierre Coffe est à la cuisine française, ou ce que Macha Béranger fut aux radios libres, paraît-il).
Entre vite dans la danse, sensuelle voire lubrique, du (bientôt célèbre) Chat Bite Wikio.
Pour que les petits blogs qui végètent aux confins du classement Wikio (l'équivalent bloguesque du Top 50, avec tout autant de grosses merdes et de petites pépites que dans l'émission de Marc Toesca, et c'est rien de le dire quand on se souvient que "Besoin de rien, envie de toi" était resté plusieurs mois en tête des ventes), pour que ces anonymes et insignifiants petits blogs, disais-je, donnent au moins l'illusion éphémère de rayonner un peu au-delà du salon de Tata Jacqueline, et que leurs auteurs aient le sentiment, enfin, d'exister par-delà le Bien et le Mal.
Amen.