Qu'est-ce qui t'a pris de partir aussi vite ? Tu ne m'as pas laissé le temps de te caresser une dernière fois...
Comparé à l'âge humain, tu aurais eu 90 bougies sur tes croquettes de régime. Il paraît justement que tu t'es éteinte comme une bougie que je n'aurais vu fondre pendant toutes ces années...
Rappelle-toi quand on s'est rencontré à la SPA en cet été 1994. Tu m'as charmé pour échapper aux grilles morbides et aux aboiements déchirants des chiens abandonnés ; je n'ai eu aucune hésitation pour t'en délivrer.
Je me souviens de cette boule tricolore de poils roux, noirs et blancs sur mes genoux tremblants alors que nous roulions vers un toit et un jardin à t'offrir pour le restant de tes jours. Tu savais la partie gagnée ma vieille rouquine, avec l'air rieur que te donnait cette grande canine et le regard déjà serein d'avoir échappé au pire...
Que de photos on a pu prendre de toi ! Tu as le record je pense dans l'antique boîte en carton blanc familiale ; bien loin devant la vieille Minou et Valentine, notre gabonaise à plumes... Tu l'as rejoint dans la terre Valentine. Quel paradoxe ! Toi qui voulais la croquer avant de recevoir ton baptême du bec... Aujourd'hui vous dormez l'une à côté de l'autre : un petit jeu d'osselets sous les herbes folles où dansent désormais les mulots...
Mélaine et Valentine : deux prénoms que nous ne prononcerons plus sans un pincement et une tendre morsure au cœur....