Je l'aime cette maison. Mais on va bientôt se quitter. Enfin c'est elle qui me quitte.
Vous connaissez l'histoire... Je m'y suis introduit, elle m'a accepté dans son corps humide et doux. Une petite grotte à la fois solide et fragile en son sein. Elle m'aimait aussi, du moins je le crois...
Je hume chaque jour le radon de son ventre granitique. Une maison bâtie pour un breton barbare. Tout y est sombre. l'écran de veille Windows scintille dans l'obscurité ; dernière vitrine de Noël ; des souvenirs en pagaille pour un païen pépère ; mon seul contact avec la ville si lointaine et si proche. Interné à vie dans un internet pas net (ultime allitération avant de me coucher). Je t'aimais ma vieille ardoisée, tu m'a bien protégé durant toutes ces années. Rassure-toi, je ne prendrai pas de photos numériques. Tu es gravée à jamais entre deux barrettes de mémoire vive... des giga octets de nostalgie à ne savoir qu'en faire, sur mon disque dur scindé entre nous deux...