En général, je ne suis pas trop un fanatique des rassemblements de blogueurs.
Mais grâce à l’adorable Otir, j’ai appris que le Blog Action Day avait pour thème la « pauvreté » cette année, et que l’un des bénéficiaires de cette action était Kiva dont j’ai déjà très abondamment parlé.
Je remarque que le microcrédit a le vent en poupe en ce moment. Probablement parce que nous traversons justement une crise du crédit, et que depuis quelques mois nous nous rendons compte que sans crédit, pas de développement.
Je ne parle bien évidemment pas du crédit à la consommation, ni même des crédits immobiliers, mais du crédit qui permet de faire des investissements afin de se développer.
A mon sens, le seul « bon » crédit », même si j’ai bien conscience que c’est parce que je suis privilégié que je peux porter un tel jugement.
Kiva est un moyen pour lutter contre la pauvreté, je ne reviendrai pas sur le sujet.
Permettez moi quand même d’enfoncer une fois encore le clou. Ce système de prêt n’est « acceptable » dans l’optique de la lutte contre la pauvreté que si il est désintéressé. C’est à dire que le prêteur, particulier ou institutionnel n’attend aucun retour sur investissement. Car ce retour est nécessairement supporté par les entrepreneurs pauvres au bout de la chaîne. L’hypocrisie dans cette histoire, que je trouve parfaitement intolérable est que l’on vous fait croire que vous faîtes une bonne action et une bonne affaire, en même temps.
Une bonne affaire, bof, le livret A est aussi bien, voire mieux. Une bonne action, sûrement pas. Gagner de l’argent sur le dos des plus pauvres me semble parfaitement abject.
Au contraire de cette hypocrisie, on parle très peu de l’action de certaines banques qui se fait en grande partie dans l’ombre.
Au contraire, il est de bon ton de dire que les banques sont des repères de requins.
J’ai déjà fait allusion à Microφ qui est un service de la banque BNP-Paribas.
Microφ a prêté à ce jour des millions d’euros à des entrepreneurs des pays en voie de développement. Cette banque est parfaitement intégrée dans ces pays (peut-être une des rares conséquences bénéfiques de la « Françafrique ») elle connaît donc parfaitement les IMF (Instituts de Micro Finance) locaux (les « fields partners » de Kiva) qui sont la clé de voûte de tout le système. Ce sont les IMF qui distribuent les prêts, séparent le bon grain de l’ivraie et accompagnent l’entrepreneur tout au long de son développement.
Or, Microφ ne fait pas de bénéfice, ne compte pas sur un « retour sur investissement », elle se contente de prélever dans le système de quoi couvrir ses frais de fonctionnement.
Bien sûr, cette démarche n’est pas totalement désintéressée, mais quel don l’est ?
Je sais que la Société Générale a aussi une branche spécialisée dans le micro-crédit, mais je n’ai aucune information dessus.
Pour les esprits avides de transparence, je n’ai aucun lien financier avec BNP-Paribas, et ce n’est même pas ma banque. Enfin, aucun lien, pas tout à fait, j’ai de solides liens d’amitié avec un ancien de Microφ. Mais je ne considère pas cela comme un conflit d’intérêts ;-).
Je disais donc que le micro crédit avait le vent en poupe.
J’ai vu apparaître récemment sur la toile Babyloan, une initiative française qui ressemble beaucoup à Kiva, notamment sur le point fondamental qu’est l’absence de « retour sur investissement ». Je n’ai aucune expérience personnelle avec eux, mais je surveille leur initiative d’un coin d’œil bienveillant.
Enfin, pour être complet, et pour revenir sur Kiva, je voudrais signaler l’existence d’une communauté francophone active qui a ouvert un forum où s’effectue notamment un travail de traduction du site kiva.org pour les non anglophones. J’ai vu que Nine, notamment était impliquée dans ce travail (ne fait pas la timide!).
Enfin, pour en terminer avec ce bavardage, qui j’espère ne vous a pas trop saoulé, je voudrais dire que même si je parle beaucoup de Kiva, j’essaye à mon petit niveau de lutter contre la pauvreté par d’autres moyens.
Pour appeler un chat un chat, j’ai séparé mon budget « aider les autres » en trois tiers.
Un tiers pour Plan France et ma filleule, un tiers pour une autre organisation (Interplast France, cette année), et le dernier tiers, l’an dernier pour Kiva. En effet, lutter contre la pauvreté, c’est aussi promouvoir l’éducation et aider les gens à se reconstruire, physiquement et moralement.
Tout cela est bien dérisoire, bien sûr, par rapport à la misère du Monde. Mais j’ai toujours en tête la parabole de l’étoile de mer.
Un homme se promène le long d’une plage à marée basse, sous un soleil ardent. Il en remarque un autre qui ramasse des étoiles de mer et les rejette dans les flots.
« Pourquoi faites-vous cela ? Il y a des millions d’étoiles de mer, et vous ne pouvez en sauver que quelques unes ! C’est tellement dérisoire ».
« Certes, mais pour celles que je sauve, cela fait une différence. »