Notre Babel à nous

En juin prochain, nous retournerons aux urnes pour élire nos députés européens.

A cette seule lecture, le citoyen français ne peut réprimer un bâillement, quand ce n’est un mouvement d’humeur. Les Européens convaincus se cachent, ou se comptent en rangs dispersés, parmi les Français en tout cas.

L’idée européenne est pourtant une formidable avancée pour nous, et pour notre vieille planète un peu patraque. L’Europe nous apporte beaucoup plus que ce qu’elle nous coûte, même si nous refusons de le savoir.

Les agriculteurs français ont beaucoup gagné de l’aventure de l’Union, même s’ils en retiennent la paperasserie, les contraintes sur les prix, la normalisation des productions.

Les entreprises ont vu leur marché s’étendre, même si en échange elles ont dû accepter de laisser un peu de place au “plombier polonais”.

Les étudiants templemarois qui ont utilisé le formidable essor des bourses “Erasmus” leur permettant d’accomplir une partie de leur scolarité dans une université européenne pourront peut-être un jour nous donner une image plus positive du projet européen vécu de l’intérieur.Et je ne parle pas des peintres, des écrivains, des musiciens qui parcourent l’Europe en tout sens et s’enrichissent mutuellement depuis le 16e siècle

Oui, l’Europe peut encore nous faire rêver, pour peu qu’on la mette au programme, qu’on l’explore.

Les derniers soubresauts de la crise boursière ont, je trouve, particulièrement mis en évidence la chance que représente pour nous l’Union. Quand nous parlons d’une même voix, nous sommes forts. Et ces jours-ci, ce sont les USA qui apparaissent comme le vieux continent, incapable de réagir fermement et de trouver des solutions innovantes. Et les chefs d’états européens, qu’on les apprécie ou pas, avec leurs différences, leurs chasses gardées, leurs égoïsmes, sont capables d’influer sur le cours des choses.

S’il est de bon ton de pérorer sur la bureaucratie que constitue aujourd’hui l’administration européenne, il est moins courant qu’on s’attache à comprendre cette machine que nous avons voulue, qui fait que nous sommes en paix sur ce continent depuis plus de 60 ans.

Nous avons le devoir de nous intéresser à ce qui se passe à Bruxelles, à 40 minutes de notre commune par le chemin de fer. C’est ce que fait depuis de longues années Jean Quatremer pour le journal Libération. Son indépendance lui vaut d’être ces jours-ci un peu en froid avec M. Barroso, président de la Commission. En parcourant son blog , on devine, même si ce n’est pas toujours explicite, une grande admiration et une réelle affection pour cette très humaine tour de Babel