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L'effet cantique

Publié le 16 octobre 2008 par Jar0d

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16/10/2008

L'effet cantique

Un week-end en semaine, ou tout comme.

Mardi, nous sommes allés voir Rigoletto, à l'Opéra Bastille. Orchestre, places légèrement de côté à gauche (en regardant la scène), au sixième rang.

Rigoletto, je le connais assez. J'ai écouté des dizaines de fois la version de D. Fischer-Dieskau - Renata Scotto - Carlo Bergonzi, sous la direction de Rafael Kubelik. Je l'ai vu aux Chorégies d'Orange en 2001, sous la direction de Marco Guidarini, avec une Kathleen Casselo éblouissante en Gilda, dans une belle mise en scène de Paul Emile Fourny ; et, déjà, à l'Opéra Bastille, avec Leo Nucci (extraordinaire, bien qu'un peu cabotin) dans le rôle-titre, Ruth-Ann Swenson (ah c'est terrible, ces chuitements à l'américaine sur de l'italien !) et surtout Whilard White en Sparafucile, un choc immense. Déjà dans la mise en scène de Jérôme Savary.

La soirée fut bonne mais pas enthousiasmante.

Daniel Oren conduisait son orchestre bizarrement, alternant une certaine mollesse (très décevante attaque de l'ouverture), jouant avec le volume sonore en dents de scie ("et je remonte le son" quand aucun chanteur n'a de notes, "et je rebaisse le son" quand chant il y a), très désagréable, limite en décalage. On n'est pourtant pas à une table de D.J.

Quelle tristesse, aussi : la mise en scène de Jérôme Savary a vieilli ! Elle est devenue lourdinque, le décor envahissant, la symbolique terne, sans intérêt ! Oscillant entre la maison des Schtroumpfs pour le décor et... rien pour la conduite d'acteurs ou des choeurs. A ranger aux oubliettes...

Kristinn Sigmundsson, en Sparafucile, est à oublier très vite : voix creuse, sans souffle, débit haché, aucune fluidité. Je sais, je compare à Whilard White. Mais même si le second est exceptionnel, là j'ai été vraiment très déçu !

Mon opinion sur Juan Pons, en Rigoletto, est incertaine : j'ai simplement cru qu'il était mauvais au début de la représentation (débit haché, entrecoupé, toujours en force, sans nuance, limite gueulard, immobile sur scène, ...) mais ses évidentes difficultés à se déplacer (au point de manquer tomber dans la dernière scène du dernier acte...), le nombre de fois où il s'est passé la main sur le visage (pour s'éponger) et surtout son terrible geste d'impuissance lors du salut me font penser qu'il était très fiévreux. Avis réservé, donc.

Stefano Secco, en Duc de Mantoue, est techniquement très bon, mais, comme me Elle me l'a fait remarquer dans l'air culte "La donna e mobile", "il ne s'amuse pas"... ce qui est dommage dans ce rôle en général et à ce moment-là en particulier.

Heureusement, Ekaterina Syurina est une Gilda très fraîche, intense, une voix irradiante et un évident plaisir de chanter. Elle a clairement emporté la soirée tant musicalement que dans le coeur du public.

Bref, une soirée typique à l'opéra, où l'agencement identique de pièces ne produit pas le même résultat chaque soir.

15:00 Publié dans Paris rêvé, vécu, vu | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note | Tags : rigoletto, opera, bastille, paris


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