Magazine Humeur

Misère, Misère, …

Publié le 16 octobre 2008 par Etxe

 … c’est toujours sur les pauvres gens que tu t’acharnes obstinément. » Coluche sur les écrans, quelques années après.    

« Aujourd’hui, on n’a plus le droit, ni d’avoir faim ni d’avoir froid ». Le 21 décembre 1985, Coluche lance les Restos du Cœur, pour donner à manger et réchauffer ceux qui manquent de tout. 

Durant cet hiver-là, 8,5 millions de repas seront distribués à travers la France. Aujourd’hui, ce sont plus de 70 millions de repas !

Lorsqu’à l’automne 1985 Coluche décide sur les ondes d’Europe 1 de lancer une opération nationale pour venir en aide à ceux qui ont faim, il n’imagine pas l’ampleur que son initiative va prendre. Les Restos du Cœur sont nés. Conscient toutefois que son action ne peut se cantonner à la région parisienne, il cherche le moyen de relayer son action en Province. Il fait alors appel à Alexandre, fils de son producteur et mentor Paul Ledermann (qui fut celui de Claude François et qui lancera aussi Les Inconnus). Alexandre est alors étudiant à l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris, et Coluche lui propose de mobiliser les étudiants des autres « Sup de Co » de Province afin de structurer un réseau national. Alexandre débarque à Toulouse en Octobre 1985, rue de la Dalbade, où se trouve l’ESC Toulouse, derrière les hauts mûrs de l’Hôtel St Jean. Ce qui n’est à l’époque qu’une idée totalement folle partagée par un noyau durs d’irréductibles « coluchiens » va prendre corps à travers la mobilisation d’un petit groupe d’étudiants, essentiellement de 2ème et de 1ère année de Sup de Co Toulouse. Ce groupuscule d’activistes de l’action sociale citoyenne me propose de prendre la direction des opérations, et me voilà embarqué dans une opération qui me marquera pour le restant de mes jours…

Les débuts de l’aventure furent rudes, et formateurs. Le 1er briefing des équipes aura lieu le 23 octobre 1985. Objectif : se mettre en ordre de bataille pour ouvrir comme prévu le 21 décembre un premier centre de distribution.Mais tout était compliqué : recevoir les « instructions » de Paris (internet n’existait pas !), se caler sur la fréquence d’Europe 1 pour écouter Coluche, se faire connaître des institutionnels locaux, apprendre les rouages de l’humanitaire,… et poursuivre en parallèle nos études ! Nous allions très vite comprendre que nous étions tombés dans une aventure qui nous laisserait des traces.Les 1ers soutiens vinrent des Anciens élèves de Sup de Co. Leur présidente de l’époque, Marie Claude Augier, nous hébergera quelques temps dans le local de son association. C’est de là que partiront les premiers appels, vers les médias et les hommes politiques.Les contacts avec la Mairie de Toulouse par exemple furent épiques. François de Veyrinas (récemment décédée, qui fut une éphémère « jupette » et qui siégea longtemps sur la 2ème ou la 3ème marche du podium municipal toulousain) allait par exemple nous expliquer que notre initiative était bien gentille mais que les pauvres « on s’en occupe, les besoins sont déjà bien couverts, alors à quoi allez vous servir ? ». L’histoire montrera la perspicacité de cette analyse… Malgré tout, elle consentait à nous abandonner un local (le terme est choisi à dessein) situé au 3ème étage d’un immeuble municipal près des Carmes. 2 pièces miteuses, une porte qui ne ferme pas, des fenêtres… d’époque, bref, nous venions de comprendre ce que le Maire de l’époque (un certain Dominique B.) entendait par « initiative remarquable » lorsqu’il paradait à la télé aux côtés de Coluche !

Mais nous n’étions qu’au début de notre apprentissage de la frustration.Le génie de Coluche fut de mouiller les politiques et le show biz pour faire suivre les médias. Toujours avides d’images choc et d’évènements à mettre à la une, les médias furent d’entrée des alliés objectifs de la cause coluchienne. Très vite, les radios privées (Sud Radio) ou locales (Radio Occitanie par ex), les journaux (La Dépêche du Midi) et les télés (TF1 en national et France 3 en local) nous ouvrirent leurs plateaux ou leur colonnes. Coluche était un “produit” vendeur, et plus modestement, ces petits jeunes, étudiants d’une école réputée former de “jeunes cadres dynamiques avides de fric et de pouvoir” (nous étions dans les années Tapie) se lançant dans le caritatif, “ça le faisait” comme diraient aujourd’hui nos enfants. La palme du soutien en local allait toutefois revenir à Sud Radio, dont l’appui allait réellement être massif et efficace. Le Directeur des Programmes de l’époque, Agostino Pantanella, nous prit en affection et nous ouvrit ses ondes et son carnet d’adresses. L’animateur vedette de ces années là, Lionel Cassan, et Tino allaient nous recevoir de nombreuses fois dans leurs locaux étriqués de la rue Caraman.

(la suite dans un prochain post)


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