Magazine Journal intime

Petite Fée et son monde

Publié le 14 octobre 2008 par Anaïs Valente

(En attendant de vous conter mes aventures parisiennes, je vous conte... de fées, via un texte écrit sur le thème "décrivez le monde d'une petite fée").

Lundi matin, dans une forêt encore préservée de toute présence humaine.  Tout est calme.  Caché derrière un chêne centenaire, à l'abri d'un feuillage dense, un champignon semblable à tous les champignons, ou presque, abrite une créature au regard aussi lumineux que sa voix est douce : Petite Fée.

Il est 7 heures du matin déjà, et Petite Fée quitte doucement ses rêves.  C'est une goutte de rosée qui, par un processus complexe fait de glands et de poulies d'herbe, glisse afin d'effleurer son visage, faisant d'une pierre deux coups : réveil et toilette légère.  Quelques grillons en profitent pour lui susurrer à l'oreille des mots doux, afin que sa journée soit parfaite.

Elle quitte ensuite la feuille de chêne qui lui sert de lit et se dirige vers sa penderie.  Le choix sera difficile, les vers à soie lui ont offert quatre nouvelles tenues hier : une robe rose romantique, un ensemble tunique / pantalon d'un jaune pétillant, une jupe vaporeuse d'un noir de jais et une longue tunique blanche qui met joliment ses formes en valeur.  Elle opte finalement pour la robe rose car elle a un rendez-vous ce soir.  A 21h07 précises.  Ne le répétez à personne, mais elle en est toute excitée.  Comme tous les soirs, d'ailleurs.  Un rendez-vous récurrent, qui n'a pourtant jamais lieu à la même heure, pimentant ainsi cette relation tendre et charnelle.  Un rendez-vous bref, mais tellement intense que Petite Fée s'en contente largement.  Il fait son bonheur, n'est-ce point l'essentiel ?

Une fois habillée, notre Fée réalise à quel point elle a faim.  Elle quitte son champignon géant pour aller cueillir quelques fleurs comestibles au jardin.  Un sifflement lui suffit à appeler quelques abeilles, lesquelles font couler leur nectar sur les pétales, afin que Petite Fée se régale.  Une coquille de noix remplie de lait d'ânesse, apportée par sa meilleure amie Papillone, clôt ce frugal repas.

Il est temps, ensuite, pour Petite Fée, de partir travailler.  La vie de Petite Fée n'est pas de tout repos, comme celle de toute fée qui se respecte, bien entendu.  Une véritable fée se doit de répandre le bien autour d'elle, jour après jour après jour après jour.  Nuit après nuit après nuit après nuit.

Le planning de la journée est chargé.  A 10h, Petite Fée transforme trois chenilles en papillons, d'un coup de baguette magique.  A 11h, ce sont trois crapauds qu'elle embrasse, afin de leur rendre leur apparence de princes charmants.  Après une brève pause aux fins de se sustenter d'une cerise juteuse, Petite Fée court au chevet de Madame Milpat, dont le membre numéro 879 est cassé.  Un petit miracle la remettra sur pied... enfin sur pattes.  Dès 14h, elle répare deux coquilles d'escargots ayant échappé de peu à quelqu'oiseau trop gourmand.  A 15h, elle se rend incognito à la maternité de la ruche, pour y bénir les nouveau-nés. 

Ensuite, elle s'offre le luxe d'un plongeon dans le lac.  A cette heure, l'eau est encore si chaude.  Savourant son plaisir, elle papote avec Kamel Léon, Hé Risson et Coque Cinelle, ses confidents de toujours.

A 19 heures, Petite Fée rentre au champignon, pour y dévorer une salade et quelques fraises sauvages.  Ensuite, elle se repoudre le nez, se recoiffe et vérifie son programme du lendemain, toujours aussi chargé.  Puis, lentement, elle se prépare l'âme et le cœur : l'amour de sa vie ne va plus tarder.

Il est 21h06.   Petite Fée s'installe devant son champignon.  Elle l'attend.  Elle est heureuse.  Heureuse comme jamais sans doute.  Le bonheur la rend encore plus jolie.  Dans quelques secondes, il sera là.  Elle sent déjà la chaleur l'envahir.  Cette chaleur qui n'atteint sa demeure que le soir.  Uniquement le soir.  Lorsqu'il la rejoint.  21h07.  Le voilà.  Elle réalise, une fois de plus, à quel point elle l'aime plus que tout au monde.  Ils se rapprochent.  Se retrouvent.  Se redécouvrent.  S'enlacent.  S'embrassent.  Font l'amour.  Puis se câlinent.  Se caressent.  Encore et encore.  Puis, comme chaque soir, il disparaît.  Comme chaque soir, jusqu'au lendemain.  A peine si elle a le temps de lui crier « je t'aime ».  Et pourtant, c'est qu'elle l'aime.  Follement.  Son Soleil.

Quoi de mieux qu'une illu de Mahaut ?  Et bien plusieurs illus, parce qu'elles collent totalement au sujet...

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