L'auto- portrait de l'homme à l'oreille coupée exprime tous les tourments dont souffrait ce géant venu de Hollande. Si l'on met de côté l'étude artistique et que l'on s'intéresse prosaïquement aux symptômes qu'il évoque dans sa correspondance avec son frère Théo, on s'aperçoit que les maux évoqués ne sont pas sans similitudes avec l'hyperacousie. On peut facilement imaginer qu'il en soit arrivé à se couper l'oreille (droite ou gauche ?) lorsqu'on entend en permanence les bruits insupportables que sont les acouphènes.
Il parle souvent dans ses lettres du bruit qu'il ne supporte plus à Paris, une des raisons de son départ précipité pour Arles.
« " L'isolement est une situation fâcheuse, une sorte de geôle. Je ne puis encore prédire si ce sera mon sort ni à quel point. Toi non plus, d'ailleurs, tu ne le sais pas. Je me plais souvent mieux en compagnie de gens (par exemple des paysans, des tisserands, etc...) qui ignorent même le mot en question, que dans un milieu plus cultivé. Et je m'en félicite. Par exemple, depuis que je suis ici, j'ai consacré toute mon attention aux tisserands... Il est malaisé de dessiner ces gens, car on ne peut se placer à une distance convenable dans ces pièces exiguës... Elle est très sombre - car les tisserands sont des gens très miséreux." »
— Lettre 351 à Théo, janvier 1884
Après les disputes lors du Séjour de Gauguin à Arles il déclare à son frère:
"... la discussion est d'une électricité excessive, nous en sortons parfois la tête fatiguée comme une batterie électrique après la décharge..."
Je vous invite à lire "les lettres à Théo" (folio).