Three days in Paris - day 1

Publié le 20 octobre 2008 par Anaïs Valente

10 octobre.  Vendredi matin.  Très matin.  Encore plus matin que lorsque je vais bosser, c'est pas peu dire.  Il fait noir et frisquet lorsque je rejoins ma chtite gare.  Et vu qu'on annonce 24 degrés pour tout le WE, je suis peu couverte (à part mes inséparables bottes).  Alors j'ai froid.

Une fois dans la gare, vu mon état encore semi-comateux, je croise un homme vêtu d'une armure.  Glups.  Je dois rêver.  Je me retourne pour vérifier que le mirage a disparu.  Non.  Il est toujours là.  Pour faire la promo de « sécuritruc », censé veiller à la sécurité des passagers namurois.  Bon.  Soit. Je m'oriente au radar vers le Thalys et tente de continuer ma nuit.

Devant moi, quatre flamands hystériques, ne manquant pas de sommeil, eux.  Comment est-il possible que les flamands soient incapables de parler normalement ?  Pourquoi hurler en permanence ?  D'autant qu'ils ne s'arrêtent pas.  Jamais.  De vraies concierges.  Impossible pour moi de dormir.  Ni même de lire.  Je hais les voyages.  C'est définitif.  Si ça tombe, ce sont des hollandais.  Les hollandais crient-ils plus fort que les flamands ?  En plus, je n'y pige que dalle, les quelques notions de néerlandais que j'ai un jour eues ayant disparu dans les limbes de ma jeunesse.  C'est insupportable de ne rien comprendre.  Curieuse, moi ?  Si peu...

Quelques instants après avoir quitté la gare, mes intestins se réveillent.  Oh comme j'envie ces gens qui savent planifier les leurs et faire en sorte qu'ils bossent à heure fixe.  « Chaque matin à 6h48, vous travaillerez, pas avant, pas après ».  Les miens sont désobéissants au possible, et le bercement du train semble les stimuler, horreur et damnation.  Je trimbale donc mon énorme sac dans la minuscule cabine, pour y découvrir un WC bouché qui déborde partout, ainsi que trois feuilles de papier à cigarette rose (rose, le papier, pas la cigarette).  Je quitte immédiatement les lieux, non sans mal, mon gros sac ayant décidé de faire de la résistance. 

Pour tenter d'oublier mes intestins, j'analyse mes quinze itinéraires préparés minutieusement la veille : de la gare à l'éditeur, de l'éditeur à l'hôtel, de l'hôtel à la mairie, de l'hôtel au centre ville, de l'hôtel au Père Lachaise, de l'hôtel à la gare...  Je réalise avec horreur que j'ai oublié de noter les numéros de rues.  Tous.  Ça va être coton, surtout s'il s'agit d'avenues de quinze kilomètres.  Je suis définitivement et irrémédiablement blonde.  Que ceux qui en doutaient en soient maintenant convaincus.  Je veux mourir, là, de suite.

10 heures.  Paris.  Gare du Nord.  Me voici arrivée.  Personne pour m'accueillir.  Solitude intense, malgré la foule en délire.  Malgré mes plans, je demande le chemin à un charmant brun ténébreux, qui va dans la même direction que moi et me l'indique volontiers.  Les parisiens sont sympas.  Alléluia, même sans le numéro, je trouve le chemin de Micro Application.  Ascenseur.  Couloir vide.  Portes fermées.  Diantre, quel système de sécurité.  Est-ce pour protéger l'éditeur de ses écrivains en colère ?  Après quelques minutes de recherche intense, je repère enfin une sonnette.  Rencontre bien sympathique.  Stressante.  Et brève.  Mais sympathique.

Je pars ensuite vers mon hôtel (dont je retrouve le numéro de rue, y'a un Dieu pour les belges égarées dans Paris), en tirant derrière moi mon sac de plus en plus lourd et en slalomant entre les crottes.  L'eau dévale dans les rigoles.  Des trombes d'eau.  Typiquement parisien, ça.  Des SDF squattent les bancs.  Je passe devant « Léon de Bruxelles ».  Il est 11 heures et on se croirait en plein été.  Sur le plan, le chemin me semblait court, mais dans la vraie vie, keske c'est long, Paris.  Et puis c'est quoi ces rues sans aucun numéro ?  J'ai beau chercher, impossible de trouver ce foutu hôtel.  Qui a volé tous les numéros de rue ?  J'interroge quelques passants et je trouve enfin l'hôtel, presqu'à côté d'un Mac Donald.  Sauvée, je suis sauvée.

Je gagne ma chambre, et affale ma carcasse transpirante sur le lit.  Le silence qui règne m'angoisse, alors je zieute quelques minutes des Zamours.  Puis je zappe sur France 5, où j'admire un bébé panda sur un écran alternant entre le noir et blanc et la couleur striée de rouge.  Bizarre, la télé française.  Vous me direz, voir un panda en noir et blanc, ça n'a rien de dérangeant.  Je suis d'accord.

A peine le temps de me rafraîchir que je descends pour partir en goguette avec Miss Bean, que vous connaissez déjà, bien sûr, illustratrice de talent, créatrice de talent, parisienne de talent.  Et sympa, en plus.  Petite bouffe en terrasse.  Petite papote.  Petit achat de macarons chez Hermé (après Ladurée, je m'étais juré de tenter Hermé).  L'ambiance est snob et je me fais piquer ma place par une mégère non apprivoisée.  Grande marche dans les rues parisiennes.  Je crois apercevoir Notre-Dame.  « Non », me dit Miss Bean.  Si, répliquai-je.  Et j'ai raison.  Je connais mieux Paris que les parisiennes, semble-t-il.  Grande attente.  Très grande.  Attendre, toujours attendre, encore attendre.  Pour rien.  Enfin non, pas pour rien : pour une bière belge et un verre de vin français.  Qui saoulent notre mauvaise humeur consécutive à cette attente inutile, fort heureusement.

Je rentre ensuite en solo à l'hôtel.  Première fois seule dans les métros parisiens.  Les affiches sont totalement arrachées et traînent sur le sol.  Des dizaines d'affiches.  Des centaines.  On dirait qu'une tornade est passée par là. 

Premier passage au Mac Do.  Je mange mon hamburger, seule, dans ma chambre.  Sensation étrange. 

Je gagne ensuite la Mairie, pour le drink des auteurs.  Je ne trouve point d'auteurs, mais une foule en délire attendant le top départ des réjouissances.  Soudaine envie de regagner ma chambre.  Le top retentit, et le bal des pique-assiette démarre : c'est à qui mangera le plus de zakouskis et de petits fours en un minimum de temps.  Je parviens à sauver un macaron des goinfres.  Des vautours. Je tends ensuite la main vers un petit four au chocolat, qui disparaît avant que j'aie pu l'atteindre.  Dommage.  Petite coupe de champagne grisant.  Je retrouve enfin l'organisatrice (disons que c'est elle qui me trouve), Mlle Gima, ainsi que quelques auteurs.  Petite papote.  Puis retour à l'hôtel.  Où je m'assoupis devant la fin de la Star Ac. 

Enorme sentiment de solitude.  Pas gai d'être seule dans un hôtel perdu au milieu d'une ville presque inconnue.

Mais, comme le disait chais plus son prénom dans Autant en emporte le vent : demain est un autre jour.