Magazine Humeur

Les trésors du Musée National d’Addis Abeba (1)

Publié le 28 avril 2008 par Icipalabre

lucy-room.1209406492.jpgLucy et le faste impérial
Les techniques muséographiques du XIXème siècle ont la dent dure. Au Musée National d’Addis Abeba, elles sont une curiosité en soi. Boiseries anciennes, vitrines poussiéreuses, étiquettes manuscrites jaunies et photos sépias donnent un air de cabinet des curiosités à ce lieu incontournable, et exceptionnel bien sûr, puisqu’il héberge depuis trente ans la fameuse Lucy, découverte dans les années 70 par une équipe de scientifiques (dont Yves Coppens) dans le pays Afar du Nord de la toute proche vallée du Rift.

lucy.1209406906.jpg

Ce n’est pas toutefois, ni ce célèbre squelette qui valut à l’Ethiopie le titre de “berceau de l’humanité” , ni les autres richesses paléontologiques et archéologiques (peu attractives en réalité et tristement reléguées aux salles obscures du sous-sol) qui retiennent mon attention. Fuyant sans regret les caves muséales, c’est au “ground floor” en effet, où sont exposées quelques pièces maîtresse de l’art impérial, puis au “first floor”, qui dévoile une série de peintures modernes, que je ressens quelques belles émotions.

couronnes-imperiales.1209406712.jpg

Les couronnes de l’Empire, celles de Ménélik, de l’impératrice Taytu et d’Haïlé Sélassié, présentées dans une même vitrine au fond de la salle principale, constituent sans nul doute les plus merveilleux objets du musée. Les avoir vus et admirés à maintes reprises sur les photographies d’époque (Fonds Boyadjian, cf. ) et dans de nombreux ouvrages d’histoire, contribue à mon émerveillement face à ces symboles impériaux, signes ancestraux et emblématiques d’un pouvoir souverain de droit divin qui s’exerça pendant des siècles sur les peuples d’Abyssinie. Véritables métaphores de la majesté, traductions artistiques de la supériorité du Roi des rois, ces splendides couronnes sont aussi une prouesse d’orfèvrerie. Elles évoquent le faste de la cour, la rigueur du protocole, et ont largement contribué à la représentation allégorique d’un pouvoir absolu d’émanation divine.

portrait-officiel-haile-sel1190133942.1209407536.jpg
La couronne d’Haïlé Sélassié est bien celle qu’il portait le jour de son sacre le 2 novembre 1930 (“le couronnement du siècle”), rehaussée d’une croix à trois branches (symbole de la Trinité), bien que, si l’on se réfère aux photographies d’époque, elle ait probablement été légèrement modifiée.
Autres attributs du pouvoir, le trône impérial. Il s’agit là d’un des premiers trônes, volés par les Italiens lors de l’invasion, et récemment restitués à l’Etat éthiopien. Haïlé Sélassié, en effet, à son retour d’exil, modifia  bon nombre d’usages et de traditions de la cour et décida d’adopter notamment un trône de type occidental, d’envergure plus modeste.

trone-imperiel-him.1209406808.jpg

NJ


Retour à La Une de Logo Paperblog