SHUT
"Je fermerai les yeux sur ce qu'il fait, je fermerai les yeux sur ses connaissances, je fermerai la porte pour qu'il s'en aille, et que je puisse carburer autrement. Je fermerai mes nerfs, les
enfuirai en terre, pour ne les sortir que pour le prochain, les enfuir loin bien loin qu'ils innervent le sol, me laissent tranquille et sans rien. Je fermerai la boîte à souvenir, le livre qui
contient ton chapitre, je fermerai la fenêtre pour que tu n'entendes pas que je crie.
Je me serai assise sur le sol près du bac à linge, les larmes éclatées sur les dalles de la buanderie.
J'aurai l'air d'une fille isolée.
J'aurai l'air insulaire, les membres tendus sous forme d'arc et les pieds glacés.
Je fermerai ma bouche pour avaler ma langue, me pourfendre le coeur pour ne plus me défendre. Je tiendrai à t'écrire une lettre de remerciements, où j'aurai bavé ton nom, griffé les espaces,
déchiré tes espoirs pour entendre comme ça t'agace.
Je fermerai mon esprit, je rentrerai le tapis de bain pour qu'il sèche dans la véranda et non dehors.
C'est qu'il fait froid aujourd'hui, bien plus que les jours où tu étais mort.
Et maintenant que tu vis, que tu pars, que tu souris ton départ, j'aime à penser que je prendrai un bien fou à te faire du mal."
17/05/2007