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Les Parabens et après ?

Publié le 20 octobre 2008 par Michelgutsatz

Cette note est une synthèse des présentations et du débat qui a eu lieu lors du Beyond Beauty Workshop, le 7 octobre dernier. Les participants au Workshop étaient le Dr. Christine Lafforgue, Maître de Conférences en Pharmacie; Laurence Marie Pouraud, Pharmacienne, LMP Conseil et Didier Lopez, Directeur Général de CL Tech. Débat animé ... à suivre ? Si vous souhaitez en savoir plus n'hésitez pas à me contacter: [email protected]

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De nouvelles attentes consommateurs sont en train de restructurer la consommation, autant en alimentation qu'en beauté:

  • la montée des angoisses... générant un très important besoin de réassurance
  • la quête de santé: la santé est perçue comme un capital que nous devons gérer sur le long terme
  • la montée du niveau d'éducation et l'accès à toutes les connaissances, faisant de nous tous des consommateurs exigeants et informés

Les marques doivent donc trouver les moyens de rassurer les consommateurs et de les aider à maintenir leur capital-santé, tout en sachant qu'ils ne se laissent plus raconter n'importe quoi, qu'ils attendent informations, explications et clarté.

Ceci explique pourquoi de nombreux nouveaux produits apparus sur le marché depuis deux ans éliminent les facteurs de risque (les produits "sans") ou ajoutent des bénéfices (les produits "enrichis", les "naturellement riches en..." et les compléments alimentaires). Le très important développement des produits Bio et naturels participe de ce mouvement de réassurance.

Dans ce contexte toute information sur un produit ou un ingrédient pouvant être facteur de risques est relayée par les medias au nom du "principe de précaution" et peut prendre des proportions considérables. Les parabens, récemment les phtalates, et maintenant les "valises de naissance" distribuées dans les maternités ont ainsi été pris au sein d'une véritable tourmente médiatique selon un cycle immuable: un groupe militant (souvent constitué de scientifiques) dénonce, études à l'appui, la "dangerosité" du produit / les medias sonnent l'alarme (" Le cancer en couche culotte" / "Contaminés dès le biberon") / des marques, alarmées, retirent les produits ou ingrédients incriminés ; d'autres se présentent comme ne les ayant jamais utilisés / les groupes militants crient victoire, le retrait en question ayant valeur de preuve à leurs yeux de la validité de leur action.

Qu'en est-il alors des parabens?

Les organismes européens officiels, après consultation des études scientifiques disponibles, disent qu'ils font partie des conservateurs les plus efficaces et les plus surs: existant à l'état naturel dans de nombreux aliments, ils sont utilisés en alimentation, dans les médicaments et en beauté (environ 80% des cosmétiques les utilisent). Leur problème principal est d'ordre allergique (ils peuvent causer des dermatites de contact chez les coiffeurs) et la plupart des études récentes semblent montrer que leur activité oestrogénique n'existe que pour des doses sans rapport avec celles employées pour la conservation!
Les intervenants du Workshop ont pointé la complexité de la question des parabens, et plus généralement, des conservateurs:

  • Le produit appliqué après l'application n'est plus celui acheté: la question reste posée de l'impact toxicologique des ingrédients persistants à la surface de la peau, lequel n'est pas mesuré (on mesure la toxicologie des ingrédients / par exemple pour un produit contenant 15% d'huile, l'eau qui représente 80% du produit s'évapore laissant 5 minutes après application 75% d'huile). La question se complexifie encore plus en raison de la très grande variété des formes galéniques, des formules, des conditions d'usage...
  • "Bio" ou "Naturel" ne veut pas dire sans conservateurs: selon les labels les produits peuvent contenir jusqu'à 5% d'ingrédients de synthèse.. dont les parabens!
  • Des marques peuvent afficher "sans conservateurs" simplement parce que les ingrédients de conservation ou de protection (comme les antiseptiques ou des molécules "naturellement" conservatrices) qu'ils utilisent ne figurent pas sur la liste officielle des conservateurs (listés à l’annexe VI de la directive 76/768/CEE)!
  • Un véritable clivage est en train de s'installer en beauté: les marques "nées" sans parabens (qui sont toutes "bio" ou "naturelles") vs. les marques "classiques". Les parabens sont devenus un critère essentiel de différentiation au sein de l'univers cosmétiques.

Dermatherm
Nous avons ensuite exploré les alternatives aux conservateurs: en effet seule la tradition "formulatrice" amène à remplacer un conservateur contesté par un autre. Ne peut-on imaginer de conserver les produits cosmétiques en travaillant sur le process de fabrication lui-même? C'est la solution brevetée par CL-Tech et présentée par Didier Lopez: appliquer la stérilisation UHT (courante en alimentaire) au produit sans le dégrader et le conditionner en zone aseptique dans un flacon airless accompagné d'un capot contenant une mousse bactericide.

Voila qui a le mérite de changer complètement la donne sur les conservateurs! Encore faut-il que les instances réglementaires acceptent d'inclure un process dans leur liste de "conservateurs" et concoivent des challenge-tests idoine! A suivre...


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