Résistance au Flore

Photo Edward Burtynsky, China recycling, Plastic Toy Parts, Guiyu, Guangdong Province, 2004
En 1998, l’agence de publicité BETC régnait sur le monde de la publicité française, saluée de partout comme « meilleure agence », « agence la plus créative », etc etc etc, les prix, les compliments, les louanges et le fric pleuvaient.
En 1998, l’agence BETC a lancé on air le spot TV « Les bébés nageurs », un spot de 45 secondes qui disait « Boire chaque jour une eau équilibrée en minéraux entretient la jeunesse de votre peau » ou « Evian déclarée source de jeunesse de votre corps ». BETC a toujours été fâchée avec les chiffres c’est-à-dire que rien ne filtrait (c’était cool, c’était comme ça, genre le fric on s’en fout (en fait, les sommes générées de partout étaient simplement indécentes)). On sait juste que le seul coût de production du film était d’environ 7 millions de francs, un peu plus d’1 millions d’Euros. Je vous laisse imaginer ce que ces réussites publicitaires ont engrangé comme profits pour BETC et pour ses clients Danone and co. Bien entendu, ces profits étaient bien mal « recyclés ». Je me souviens j’avais 20 ans en 1998, faire un stage chez BETC c’était être entré à HEC, être payé 30 % du SMIC au maximum (1770 francs), payer la cantine avec ces 30% du SMIC, vivre à Paris car il fallait turbiner jusqu’à 23h, minuit, 1h, 2h dans un open space fatigant car travailler pour BETC c’était une très très grande chance, une très très grande expérience.
Le stagiaire, moi, vous, la trentaine galopante aujourd’hui, avec ces 1770 francs (moins la cantine du midi) a appris à ne pas consommer de l’eau Evian en bouteille. Car le stagiaire a très bien compris, grâce aux conditions imposées par BETC qu’une bouteille d’eau Evian est 110 à 120 fois plus chère que l’eau du robinet. Le trentenaire a appris à se méfier du marketing, créateur de désir d’objet qu’on ne peut pas trop s’offrir.
Aujourd’hui, peut-être que je suis une bobo, peut-être pourrais-je acheter des bouteilles d’Evian mais je n’en vois pas l’utilité. J’ai toujours bu l’eau du robinet réfrigérée et cela va continuer. Souvent à l’entrée du cinéma on me propose d’office le tarif étudiant (je fais plus jeune que mon âge). Alors j’emmerde Evian. En plus, je me dis que 1) je fais un pied de nez aux multinationales 2) j’économise, paraît-il, plusieurs tonnes équivalent pétrole (car le plastique ce n’est pas chic)..
Dans un article des Echos, le E de BETC, Madame Mercédès Erra prétend que « consommer moins est un discours de riche ». Car on ne peut pas briser les « aspirations massives à la consommation » de la Chine, de l’Inde « qui accèdent enfin en masse à la consommation ».
Selon elle, la question serait plutôt « consommer mieux ». L’enjeu serait la qualité c’est-à-dire que « acheter bon marché ce qui est censé durer nous conduit à le renouveler trop vite ». Sa solution : recycler. Continuer à acheter l’eau Evian, source de jeunesse, 110 à 200 fois plus chère que l’eau du robinet mais se préoccuper de rien puisque la bouteille va être recyclée ?
Les publicitaires et les communicants ont peur de ce mouvement de, non pas de « déconsommation » comme ils l’appellent pour vous faire peur, mais de consommation limitée (due à la fameuse baisse du pouvoir d’achat) et des réflexions du consommateur moyen sur l’acte d’achat qui en résultent.
Oui, pendant longtemps, ils nous ont fait prendre des produits lambdas au mieux, des produits de merde au pire, pour des produits de qualité, car ils ont le truc pour nous faire prendre des lanternes pour des vessies. Aujourd’hui, vous qui consommez moins, le moins possible et qui le criez sur les toits, ils vous pointent du doigt et organisent la résistance.
La chose c'est le TC de BETC. Eric Tong Cuong. Nouvelle agence de publicité ou comment utiliser l'animosité contre Sarkozy pour vous faire aimer la com et la conso.
Extrait du blog de David Genzel.
Message du 20/10/08 à 15h09
De : ZEROUALI Barka
A : GENZEL David
Objet : No Pub - Ou, le jour où la Pub s'est arrêtée... - Save the date...
Bonjour,
"Pénétrant dans le Salon doré, Nicolas Sarkozy se saisit machinalement de la télécommande qui pilote l'écran plasma (...) il est saisi d'un moment d'effroi quand son regard découvre sur TF1, comme au temps de sa petite enfance, la « mire » comme unique image. « Mais je ne suis pas mort ! ». Effectivement, la coutume veut que lors du décès d'un Président en exercice les programmes soient immédiatement interrompus pour laisser place à un programme de musique classique. Au demeurant, ceci n'était arrivé que pour Georges Pompidou ! Son esprit en ébullition lui envoie ce commentaire : « Et si, sans communication, j'étais, nous étions morts ? ».Extrait

Ce livre No Pub, écrit par Luc Laurentin, décrypte sous forme de fiction, les conséquences dramatiques, économiques et humaines, que provoquerait la suppression de tout moyen de communication en France....
N'hésitez pas à me faire un retour par mail, si vous souhaitez vous joindre à nous le mercredi 29 octobre 2008, dès 19h au Flore pour découvrir en avant première ce scénario catastrophe d'une France sans publicité.
Merci pour lui.
RDV le 29 octobre au Flore...
Bien à vous,
Barka la chose
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Barka Zérouali
Directrice associée en charge de la communication
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