Le soleil se lève aussi

Il aura fallut l’intervention véloce et courageuse des premiers accourus pour les séparés, avant qu’ils ne terminent de se mettre en pièces mutuellement. Elle était soulagée qu’ils soient arrivés à temps, mais souhaitais tout de même que cette salvatrice assistance aurait été sans maniement de gros bâtons, ni autres coups de pied et de poing. Il faut dire aussi que ce n’est pas la première fois que ces deux là se donnaient à cœur joie en courses poursuites dignes des lâchées des fêtes de San Fermin, corrida presque meurtrière ne s’arrêtant chaque fois qu’après interventions effroyables et confuses. Ils étaient meurtris, ensanglantés, haletants, en face l’un de l’autre, se guettant avec des yeux injectés de sang, les muscles tendus et décidés à remettre la partie si on daignait les lâcher. La poignée de personnes restée au milieu de la chaussée, ne parlée ou n’éprouvée le besoin d’ouvrir la bouche, réveillée de mauvaise grâce par ce manège impromptu et au beau milieu de la nuit. Quelques chuchotements trahissaient la présence de yeux invisibles qui brillaient dans des têtes penchées derrière des portes entrebâillées ou des pans légèrement pliés de persiennes de fenêtres. Après avoir fixées les muselières elle s’empressa de débiter à ses voisins tenant encore bien en laisse ses chiens, des excuses confus et des énièmes assurances de surveiller encore plus ses molosses. Plus question de revenir au lit, le restant du temps avant que le soleil ne se lève aussi, fut passé assise à même le sol, avec sa boite pharmacie, entre mercurochrome, pansement, sparadrap et autres ustensiles de nettoyages des profondes et superficielles morsures de son infernal couple de chiens ennemis.